Le président cubain, au pouvoir depuis janvier 1959, a délégué provisoirement le pouvoir à son frère Raul, après avoir été opéré lundi pour une crise intestinale aiguë. Cuba s'est réveillé, hier, sous le choc de l'annonce d'un grave « accident de santé » subi par Fidel Castro, qui l'a conduit pour la première fois en 48 ans de pouvoir absolu à passer la main à son frère Raul, ministre de la Défense. Le président cubain, qui doit fêter ses 80 ans le 13 août, a annoncé dans une déclaration lue à la télévision par son secrétaire particulier, qu'il avait subi une délicate opération chirurgicale aux intestins et transférait « provisoirement » ses pouvoirs à son cadet âgé de 75 ans. La déclaration explique ses problèmes de santé par « un stress extrême » dû à « des jours et des nuits de travail continu sans trop dormir ». Elle évoque « les énormes efforts » consentis pour le voyage en Argentine lors du sommet du Mercosur, du 22 au 24 juillet, et son discours annuel du 26 juillet, effectué à Bayamo, à plus de 700 km au sud-est de La Havane. Dans sa déclaration, M. Castro a précisé que l'opération l'obligeait « à conserver le repos durant plusieurs semaines, éloigné de ses responsabilités et ses charges ». Son frère Raul Castro prend « de manière provisoire » les fonctions de premier secrétaire du Parti communiste cubain (PCC, parti unique), ainsi que celles de chef des Forces armées révolutionnaires (FAR) et de président du Conseil d'Etat (gouvernement). De par la Constitution, Raul Castro est le numéro deux cubain et le successeur désigné de Fidel. Dans sa « proclamation », Fidel Castro a demandé que les festivités pour ses 80 ans soient reportées au 2 décembre, 50e anniversaire de son débarquement à Cuba à bord du yacht Granma pour lancer la guérilla contre le dictateur Fulgencio Batista. Il a en outre laissé planer le doute sur sa participation au sommet des Non-alignés prévu du 11 au 16 septembre à La Havane. Alors que les Cubains s'interrogent sur la gravité de l'état de santé de leur président, à Miami (Etats-Unis), des milliers d'exilés cubains sont descendus dans les rues pour fêter l'accident de santé de M. Castro, convaincus que sa fin était proche.