Yellowknife ne brille pas que sous le soleil de minuit ou aux lueurs fantasmagoriques des aurores boréales. Ses entrailles recèlent les plus étincelants joyaux qui soient : de magnifiques diamants qui attirent des visiteurs venus des quatre coins du monde. Un siècle après la glorieuse époque de la ruée vers l'or, Yellowknife brille à nouveau de mille feux. Dans cette nouvelle « capitale nord-américaine du diamant », les bijoutiers proposent aux visiteurs étrangers des pierres précieuses qui ont été extraites, taillées et polies sur place. « J'ai vendu des bagues, des pendentifs et divers bijoux uniques à des personnes venues spécialement à Yellowknife pour se les procurer », raconte Margaret Baile, une résidante de longue date qui a ouvert récemment sa bijouterie, Arctic Diamonds. La petite ville de 18 000 habitants compte huit diamantaires. Chaque diamant extrait des mines des Territoires du Nord-Ouest porte la signature du Premier ministre Joseph Handley et également accompagné d'un certificat garantissant sa qualité et sa couleur. « Les diamants ajoutent encore plus à notre valeur touristique », explique Mme Baile. Yellowknife bénéficie d'un ensoleillement estival supérieur à celui de tout autre ville canadienne. En automne et en hiver, les cieux de la lointaine cité servent de toile au fabuleux spectacle des magnifiques aurores boréales, qui attirent chaque année bon nombre de spectateurs, dont quelque 15 000 visiteurs du Japon et de la Corée seulement. Perchée sur le littoral rocheux du Grand Lac de l'Esclave, la capitale des Territoires du Nord-Ouest a bien changé depuis la rude époque de la découverte des premiers gisements d'or. Fondée en 1789 par Alexander Mackenzie, la colonie avait été baptisée du nom d'une tribu autochtone (les Couteaux-Jaunes) dont les membres utilisaient des couteaux de chasse aux lames de cuivre. Un siècle plus tard, les chercheurs d'or, attirés par le Klondike, y trouvèrent un peu du précieux minerai mais ce n'est qu'en 1934 qu'eut lieu la véritable « ruée ». Deux ans plus tard, Yellowknife était devenue une véritable ville-champignon. Blotti autour de Back Bay, le quartier historique (Old Town) semble s'enfoncer dans les eaux claires, froides et profondes du splendide Grand Lac de l'Esclave, où sont rassemblés pontons colorés, voiliers proprets… et hydravions tapageurs. Dans le silence glacé de l'hiver, on peut entendre résonner le halètement des chiens qui filent allégrement en tirant les traîneaux sur le lac gelé. Old Town est parsemé de vieux édifices datant de la ruée vers l'or et d'habitations aux couleurs vibrantes. Dans le secteur de Woodyard, autrefois site d'un prospère dépôt de carburant, se trouve la fameuse Ragged Ass Road, rue qui rappelle le souvenir d'une mine éteinte et des chercheurs d'or qui s'y sont esquintés en vain. En empruntant Ingraham Drive, on passe au-dessus d'un terrain abrupt appelé The Rock où les premiers mineurs dressèrent leurs tentes en 1934. Un escalier mène à un monument érigé en l'honneur des pilotes de brousse qui contribuèrent pour beaucoup au développement du Nord. Avec ses boutiques à la mode, ses restaurants, ses édifices à bureaux et ses tours d'habitation, New Town – la partie « moderne » de la ville – offre un contraste saisissant par rapport à Old Town. Mais il ne faut pas chercher la traduction du mot « diamant » en chippewyan, en dogrib ou en inuvialukton. Même au Wildcat Cafe, personne ne semble guère s'en soucier. Parce qu'à Yellowknife, les diamants font désormais partie du paysage.