«Master pour tous», tel est le slogan improvisé par les étudiants du LMD. L'accès à ce grade de l'enseignement supérieur revendiqué comme «un droit» par les apprenants est souvent motivé par le manque de débouchés professionnels pour les licenciés. L'administration et la tutelle, elles, font plutôt valoir la valeur «mérite» pour décrocher le sésame. L'insuffisance des places pédagogiques astreint ainsi les responsables à limiter l'accès à ces formations. Des critères sont donc instaurés et souvent réajustés. Mais ces conditions ne sont pas toujours tolérées, voire elles sont méconnues par les premiers concernés : les étudiants. Eclairage. L'accès des étudiants aux formations de Master provoque souvent la colère des candidats. Ces dernières semaines, dans les universités de Laghouat, Tlemcen, Batna, Blida et Bab Ezzouar (Alger) et d'autres encore, des étudiants ont organisé des mouvements de contestation pour revendiquer ce qu'ils considèrent comme étant leur «droit d'accès au Master». «Notre cursus est menacé. On nous empêche de poursuivre nos études pour des raisons qui ne sont pas valables», juge une candidate malheureuse de l'Usthb. Mais l'accès, justement, à ce grade du LMD est-il un droit pour tout étudiant inscrit à l'université ? Même si le système LMD reste moins sélectif que le «classique», il reste que la poursuite du cursus en post-graduation est régi par des critères très stricts établis par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (mesrs). Le 9 juin 2014, cette institution promulgue l'arrêté n°363 portant conditions d'inscription aux études universitaires en vue de l'obtention du diplôme de Master. L'article 2 du texte précise que l'accès à ce grade «est ouvert aux étudiants qui remplissent les conditions fixées dans le présent arrêté». Ces conditions d'inscription sont, selon l'article 3 : d'abord le vœu exprimé par le candidat ; ensuite, le diplôme obtenu ouvrant droit aux études de Master ; et les résultats du cursus universitaire du candidat. Une marge de manœuvre est laissée pour les établissements universitaires pour établir leurs propres règles à travers la dernière condition, à savoir : les capacités d'accueil et d'encadrement. «Le recteur de l'université nous a écarté, nous les étudiants de l'Usthb, de la promotion 2008. Selon une directive interne, les étudiants ayant passé six années ou plus pour l'obtention de la licence (prévue en trois ans, ndlr), sont exclus des listes. Mais, nous savons que dans d'autres facultés de la même université ces profils ont quand même été pris», conteste l'un des 160 candidats protestataires. Face à la limitation des places pédagogiques pour les formations en Master, un système de classement des candidats est mis en place. L'arrêté 714, du 3 novembre 2011 en fixe les modalités. Dans l'article 3, il est stipulé que la moyenne de classement est calculée sur la base de la moyenne des moyennes des semestres d'études, le nombre de redoublements par année, de celui d'admission avec dettes et après la session de rattrapage pour chaque semestre. Il est même fixé, dans le dossier de candidature, le dépôt d'une attestation faisant état de la situation disciplinaire du candidat délivrée par son établissement (Arrêté 363). «Le recteur de l'université nous a clairement signifié que l'administration peut nous délivrer des lettres de recommandation pour les autres établissements. Il nous oriente vers Bouira, Sétif, Khemis Miliana et Tizi Ouzou. Il nous a dit : ‘‘Pour l'USTHB, oubliez l'affaire !''» peste une candidate de Master en biologie. Il est utile de savoir qu'un système de quotas est établi par la réglementation. Celle-ci donne la priorité d'accès «aux nouveaux diplômés de l'établissement n'ayant cumulé aucun retard». 20% des capacités d'accueil au Master sont réservées à différentes catégories, telles que les nouveaux diplômés LMD des autres établissements, les anciens diplômés LMD de l'établissement, les anciens diplômés LMD des autres établissements, les diplômés du système classique, les titulaires d'un diplôme étranger reconnu équivalent et les diplômés exerçant dans le secteur socioéconomique. «La répartition de ce quota entre les différentes catégories de diplômés est laissée à l'appréciation de l'établissement universitaire», est-il écrit dans l'article 7 de l'arrêté n° 363. Il y a donc une hiérarchisation des profils que les établissements du supérieur doivent prendre en considération. Face à cette batterie de mesures qui répondent très clairement aux interrogations des candidats contestataires, pourquoi alors tous ces mouvements de protestation ? La réponse pourrait être relative d'abord au défaut de circulation de l'information. Un étudiant devrait être informé de ces critères non pas lorsqu'il se porte candidat au Master, mais dès sa première inscription à l'université. Ensuite, le système LMD prévoit dans le volet encadrement le poste de tuteur. «Le tutorat est un acte volontaire dont la mission est d'accompagner l'étudiant pour lui faciliter l‘intégration dans la vie universitaire et l'accès aux informations du monde du travail», est-il noté dans le guide du tuteur de l'Usthb. Parmi les tâches assignées au tuteur dès les premiers pas de l'étudiant au sein de l'établissement, il faut noter : expliquer le LMD et les licences à l'USTHB ; préciser les modalités d'évaluation et d'orientation des étudiants. Malheureusement, la grande majorité des enseignants du Supérieur boudent cette fonction qui ne pèse pas lourd sur leur système de promotion et d'évaluation. Dont acte.