Dans nos contrées, naître fille ne constitue pas la joie, être femme, c'est subir les affres d'une société matrimoniale qui ne cesse de se focaliser sur la femme pour être, selon leur croyance, à l'origine de tous les malheurs de la société. Confinée dans son statut d'éternelle inférieure, cette femme n'ose rien et n'entreprend rien, même pas pour défendre ses intérêts et ceux de ses enfants. Si elle le fait, on fait tout pour la casser. C'est le cas de Lalaoui Ahlam, enseignante de langue française à la commune de Aïn Khadra, laquelle a été victime d'une machination savamment échafaudée par son ex-mari, l'ayant menée à la barre du tribunal de Magra (ex-M'sila), pour répondre de l'accusation sur l'acte qu'elle aurait commis en frappant sa fille de 12 ans avec le manche d'un frottoir au bas-ventre jusqu'à la violer. « Cette machination, a-t-elle expliqué, a été savamment tissée par mon ex-mari qui, voulant refaire sa vie, n'a pas cessé de remonter mes enfants contre moi. » Et d'ajouter que « la plus grave des innombrables provocations de mon ex-mari était d'avoir demandé en décembre 2004 à mon fils de me frapper au visage à l'aide d'une hache qu'il lui a remise ». « dans cette atmosphère de provocation, voire de harcèlement, a-t-elle soutenu, je n'ai pas frappé ma fille avec un manche après m'avoir craché au visage, mais avec une bouteille vide de produit dépoussiérant que je lui avais lancée au visage. » Le tribunal de Magra d'abord puis celui de M'sila ne sont pas en reste dans cette affaire, lesquels n'ont pas hésité un seul instant à condamner la mère, reniant même leur propre preuve qui est le certificat médical que le juge d'instruction près le tribunal de Magra avait ordonné à la gynécologue Nadia Ladgham Chicouche, par correspondance du 13 février 2005 n°09/2005, d'établir pour les besoins de l'instruction. Après examen, le certificat médical établi par cette gynécologue atteste formellement que « la fillette était vierge, qu'il n'existe pas de lésions ni de traumatismes internes ou externes. » occultant le certificat médical, le tribunal et la cour ont fondé leur argumentaire, pour condamner la mère, sur le certificat médical établi par le médecin généraliste de Magra. Cela dénote la volonté délibérée de l'institution judiciaire de sévir s'agissant d'une femme, et non pas à rendre justice. Le calvaire de cette mère de 4 enfants (14,13, 8 et 5 ans) ne s'arrête pas là, laquelle s'en est trouvée après coup confrontée à la défaillance de l'institution judiciaire quant à l'application d'une décision de justice relative à la garde des enfants, après la prononciation de l'acte de divorce en première instance, et par la cour. « Toutes mes démarches, dira-t-elle pour l'application de cette décision, faite auprès du procureur de la République près le tribunal de Magra, qui m'a renvoyée sans ménagement, et auprès du procureur général près la cour de M'Sila, se sont avérées vaines. » et d'ajouter : « j'entame mon 19e mois, sans avoir vu ni tenu dans mes bras mes enfants. La souffrance que j'endure est indescriptible. » Cette mère parle de séquestration de ses enfants par le père, en leur interdisant de voir leur mère. « Ma fille de 13 ans, a-t-elle soutenu, cette jeune adolescente, est retenue par le père qui a peur qu'elle divulgue la vérité en ce qui concerne l'accusation de viol qui m'a été attribuée. » Pourquoi ne fait-on rien pour appliquer les décisions de justice, précisément quand il s'agit des enfants, s'est interrogée Ahlam, dont les quatre enfants ont tout l'air d'être retenus par la force et la terreur, avec la bénédiction d'une justice qui semble fonctionner de manière particulière.