La révolte des députés du FLN a tourné court. Prévu en début d'après-midi, le sit-in des députés «frondeurs» a lieu, dans l'enceinte de l'Assemblée populaire nationale (ANP), mais dans des proportions beaucoup moins importantes que ce qui avait été annoncé la veille. Alors que les initiateurs de la fronde avancent un nombre de 120 députés «rebelles», à peine une dizaine manquaient à l'appel, lorsque Saadani a entamé les travaux de la réunion qu'il a programmée, en fin d'après-midi avec les parlementaires de son parti. Dans un texte lu à la sortie de la plénière, les députés «fondeurs» dénoncent «les pratiques de la direction du parti», mais apportent un soutien «indéfectible au programme du président de la République». Certains de ces députés n'ont pas hésité à aller ensuite applaudir Amar Saadani dans une salle de l'hôtel El Aurassi, à quelques centaines de mètres de la Chambre basse du Parlement. Malgré un léger décalage, Amar Saadani, plus que jamais clivant, a réussi en effet à tenir sa rencontre avec les parlementaires de son parti. Attaques contre la presse Une occasion pour le secrétaire général du FLN d'ouvrir le feu sur les «adversaires» de sa formation. Mais avant de s'attaquer à l'opposition et aux «redresseurs» de son parti, Saadani s'en est pris avec véhémence à la presse, particulièrement El Watan et El Khabar. Les deux journaux sont accusés de tous les maux. Il leur impute même l'émigration des cadres algériens durant les années 1990. «Laissez le FLN tranquille !», a-t-il pesté.D'un ton à la fois moqueur et haineux, Amar Saadani a indiqué que «le seul programme de l'opposition est le ‘non'». «Lorsque le président de la République les a invités à donner leur avis sur la révision de la Constitution, ils ont refusé. Quand le FLN voulait discuter avec eux, ils ont dit non. Mais lorsque c'est l'Union européenne qui les invitent, ils accourent, espérant qu'ils seront nommés président», a-t-il fulminé avant de s'écrier, sous les vivats du public : «Le poste de président de la République n'est pas vacant et la présidence de la République est interdite avant 2019 !» Pour montrer le «soutien» des parlementaires à sa démarche, Amar Saadani a ouvert le débat à la presse. Une quarantaine de députés et sénateurs se sont succédé à la tribune. Ils ont tenus, en majorité, un discours laudateur. Mais lorsque le sénateur de Béjaïa, Derradji, a tenté de porter la contradiction en critiquant notamment le dernier découpage opéré par la direction du FLN, Saadani s'est montré impitoyable : «Vous devez savoir que ce monsieur critique notre démarche parce qu'il n'a pas obtenu le poste de mouhafedh.»Après le soutien des mouhafedhs, réunis le mois passé, Amar Saadani vient donc d'obtenir l'onction des députés et sénateurs, ouvrant ainsi un grand couloir vers le congrès de son parti qui se tiendra au premier trimestre de l'année prochaine.