Infrastructures de base rasées, hôpitaux bombardés et risques permanents à cause de l'insécurité, l'étau se resserre sur la population libanaise. Le blocus quasi-hermétique imposé par l'armée israélienne, qui a intensifié ces derniers jours ses raids au sud du Liban, complique la situation humanitaire dans la région. Une situation déjà catastrophique. Alors que la zone de combat s'étend de plus en plus, le nombre de victimes se multiplie. Selon un bilan provisoire établi jusque-là, les bombardements israéliens ont fait au moins 1000 morts, 3322 blessés et près d'un million de personnes déplacées. Plus de 30% de victimes, a précisé la Commission des secours du gouvernement libanais, sont des enfants de moins de 12 ans. « Le bilan de la Commission des secours porte sur des cadavres identifiés et ne tient pas compte des personnes qui se trouvent toujours sous les décombres », a indiqué ladite commission. Ces chiffres seront certainement revus à la hausse, d'autant qu'on ne sait pas encore le nombre de victimes dans la banlieue Sud. Une zone subissant quotidiennement des pluies de missiles israéliens. La stratégie adoptée par l'Etat hébreu, visant à affaiblir le Hezbollah en détruisant routes, ponts, aéroports et…même les hôpitaux, a créé une condition humanitaire déplorable. En effet, l'aviation israélienne a détruit plus de 73 ponts, 72 bretelles routières et 6800 habitations compliquant ainsi la tâche des ONG chargées d'acheminer les aides humanitaires aux victimes et de leur prodiguer les soins nécessaires. Les stocks de provisions : eau, nourriture et matériels médicaux sont épuisés. Même s'ils sont disponibles, leur acheminement est quasi-impossible. Selon le ministre libanais de la Santé, Mohammed Khalifé, les hôpitaux du pays ne disposaient plus que d'une semaine de carburant. « C'est une question très urgente. Nous avons entamé des contacts pour résoudre ce problème », a déclaré le ministre, sans plus de précisions. Et d'ajouter : « Même si nous obtenions des livraisons de carburant maintenant, le problème ne serait pas résolu. Les routes sont détruites, et les ponts sont écroulés, et nous ne pouvons pas transporter le mazout vers les régions. » La violence des combats a empêché également les organisations humanitaires à faire leur travail et apporter leur soutien aux populations démunies. Le Comité international de la Croix-Rouge, MSF et l'Unicef se plaignent des difficultés auxquelles ils se sont confrontés sur le terrain pour assister les victimes. « Les combats ont empêché le CICR de mener à bien ses opérations en-dehors des villes principales, bien que dans les villages du Sud-Liban, les résidents et les personnes déplacées aient besoin de secours de toute urgence », a affirmé le CICR dans son dernier bulletin, publié le 1er août sur son site Internet. Le CICR a indiqué, par ailleurs, que depuis le 12 juillet « la Croix-Rouge libanaise, qui est en état d'alerte maximale depuis 21 jours, a évacué 542 blessés, transporté 3493 personnes nécessitant des soins médicaux et récupéré 153 corps ». Pour sa part, MSF a noté que la situation s'est aggravée et l'accès à la population est réduit. Le problème logistique, a souligné l'organisation, a compliqué la tâche de ses équipes sur place. « Les ressources locales diminuent chaque jour davantage, les derniers arrivants ne trouvent plus comme abri que des bâtiments délabrés, où il ne reste guère qu'un toit. L'eau manque, la nourriture commence à faire défaut. Les hôpitaux et les centres de santé ont besoin de médicaments et de matériel. L'équipe de Médecins sans frontières procède à des distributions de biens de première nécessité, tels que nécessaires de toilette, ustensiles de cuisine, couvertures... », a souligné MSF. A ce problème s'ajoute le risque épidémie, en raison, comme l'a affirmé l'Unicef, de manque d'eau potable, d'électricité et de carburant.