L'armée israélienne poursuit son œuvre destructrice des infrastructures de base au Liban et coupe ainsi les vivres aux milliers de personnes dans le sud du pays. En dépit des cris d'alarme lancés par les ONG opérant sur place, la situation humanitaire empire. L'escalade militaire israélienne complique de plus en plus la tâche des secouristes. En effet, le dernier pont sur le fleuve Litani, principale voie d'acheminement de l'aide humanitaire à destination de Tyr et du Sud du Liban, a été coupé hier par les raids aériens criminels de Tsahal. L'aviation a également frappé les routes menant de la Bekaâ vers la Syrie et bombardé à deux reprises la route essentielle Beyrouth-Damas. Une route prise pour cible chaque fois que les habitants comblent les cratères de bombe pour pouvoir circuler. L'armée israélienne a ciblé aussi les zones frontalières où se réfugient les milliers de déplacés. Au 27e jour du conflit, le nombre de victimes civiles s'est alourdi avec la mort de plus d'une cinquantaine de personnes. Devant cet état de fait, les déplacés n'ont qu'à attendre un cessez-le-feu pour espérer survivre. Les organisations humanitaires n'y peuvent rien. L'acheminement des aides et des soins aux nécessiteux devient de plus en plus compliqué. On craint d'ores et déjà une crise sanitaire. Selon MSF, le CICR et l'Unicef, « la crise sanitaire est imminente dans les villes et villages du Sud-Liban et la situation empire au fur et à mesure que les gens s'entassent dans les maisons ». Les pénuries d'eau potable et de nourriture engendrent, selon eux, inéluctablement une augmentation importante des maladies infectieuses. « Plusieurs enfants déplacés ou ceux coincés dans leur village ont la typhoïde, la gale, des poux, de sévères diarrhées et des bronchites. Les personnes âgées ont des ulcères, une haute pression sanguine et des difficultés à uriner », ont expliqué les organisations humanitaires. C'est pour éviter la propagation rapide de ces maladies que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) compte lancer, à partir de la semaine prochaine, une campagne de vaccination en faveur des enfants. Le problème épineux auquel est confronté le pays du Cèdre présentement est l'épuisement des stocks de carburant, énergie indispensable pour le fonctionnement des hôpitaux. « L'affaiblissement des approvisionnements en carburant pourrait constituer une réelle catastrophe », selon le PNUD qui ajoute : « Le carburant a toujours été importé dans ce pays et nous savons trop bien, en tant qu'acteurs humanitaires, que le Liban aurait été capable d'approvisionner la population tout entière sans le blocus militaire terrestre, maritime et aérien ». L'aggravation de la situation au Liban n'a pas laissé coite l'opinion publique internationale. En Palestine, au Maroc et en France, les manifestations appelant à la cessation des offensives contre le Liban sont organisées presque quotidiennement. A Gaza (Palestine), près d'un millier de personnes ont manifesté à l'appel du mouvement Jihad islamique pour apporter leur soutien au Hezbollah et son chef Hassan Nasrallah. Au Maroc, ce sont plutôt des enfants qui ont organisé une marche en guise de solidarité avec le peuple libanais. Bougies à la main, ces derniers ont marché dans l'une des principales artères de Casablanca, avant de tenir un rassemblement devant le siège du consulat général des USA. La communauté libanaise établie en France multiplie aussi ses actions de solidarité avec leurs concitoyens. Un collectif de Libanais organise en France des manifestations pour réclamer l'arrêt des massacres au Liban. Le collectif a saisi par écrit, hier, le président français, Jacques Chirac, pour qu'il fasse amender le projet de résolution sur le Liban en débat à l'ONU. Les Libanais de France comptent organiser, le 12 août des manifestations dans toutes les villes françaises.