Fondée par l'imam chiite Moussa Sadr en 1975, Amal, acronyme de Afwaj al-mouqawama al-loubnaniya (groupes de la résistance libanaise), a été la matrice du Hezbollah, dissidence créée après l'invasion israélienne du Liban en 1982. Allié de la Syrie durant la guerre civile, Amal et son président Nabih Berri, également président du Parlement, reste une des forces majeures au Liban. Depuis le début de l'agression, le mouvement a consolidé ses liens avec le Hezbollah et tient mordicus à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Après le cessez-le-feu, quel avenir politique attend le « dialogue national » initié par les différents courants libanais et qui a tenté d'unifier les divergences entre le groupe dit du 14 mars (antisyrien) et celui du 8 mars (prosyrien) ? Le dialogue entre les Libanais ne s'est jamais interrompu et nous devons réactiver le « dialogue national » en cas d'un cessez-le-feu. L'imam Moussa Sadr (référence politico-religieuse du Hezbollah et de Amal et fondateur de ce dernier, « disparu » en Libye en 1978) nous a enseigné que « l'unité nationale reste la meilleure arme contre l'ennemi sioniste ». En fait, « le dialogue national » a tenté de déplacer les débats de la rue (les manifestations géantes entre prosyriens et antisyriens suite à l'assassinat de Rafic Hariri) vers la table du dialogue. Nous avons avancé dans des sujets sensibles : les possibilités d'appliquer la résolution 1559, la relation avec la Syrie et l'Iran et la définition d'une stratégie de défense du Liban. La séance du dialogue programmée pour le 25 juillet devait se pencher sur la stratégie de défense. Mais l'ennemi a devancé cette réunion. Mais des politiques, comme le député Walid Djoumblat, ne cessent par exemple d'émettre des réserves sur l'action du Hezbollah. « A qui le Hezbollah va-t-il offrir sa victoire ? A la Syrie ou à l'Iran ? », a dit le député du Chouf ? Nassrallah a répondu, il offre la victoire au Liban. En fait, il est vital pour le Liban que le débat continue. Le plus important reste l'unité de toutes les forces politiques face à l'agression. Tous les partis refusent qu'Israël rentre par la fenêtre des divisions. Et je crois qu'à l'avenir, le changement concernera une plus grande tendance chez les différents partis vers l'unité libanaise. Le Hezbollah ne risque-t-il pas de devenir surpuissant sur la scène politique libanaise ? L'imam Sadr l'a dit dans les années 1970 : les armes de Amal ne peuvent être retournées que contre l'ennemi sioniste. Et le Hezbollah le dit aussi : l'arme de la résistance ne peut être dirigée vers l'intérieur. Il ne faut pas qu'une partie soit hégémonique par rapport aux autres au Liban. Et cette donne a été clairement montrée lors des séances du « dialogue national ». Les équilibres au Liban sont très sensibles… Vous avez évoqué la résolution onusienne 1559. Amal reste opposé au désarmement du Hezbollah… Il faut définir la stratégie de défense du Liban, désarmer l'ennemi sioniste et étudier comment affronter ce loup. La résistance protège les Libanais. Cette guerre n'est pas seulement israélienne, mais américano-israélienne. Les responsables à Washington disent clairement qu'il s'agit du début du « nouveau Moyen-Orient », idée soutenue par des bombes intelligentes dans des mains d'imbéciles. Pourriez-vous éclaircir la vision de Amal vis-à-vis de la force internationale que l'ONU pourrait déployer ou renforcer dans le Liban-Sud ? Il est prématuré d'en parler. Les pays amis ainsi que les courants politiques libanais n'ont pas encore une vision claire sur cette question.L'urgence aujourd'hui pour nous est de chercher, notamment, par les efforts diplomatiques déployés par les pays amis, un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.