La coalition chiite Hezbollah-Amal a arraché tous les sièges au Sud Liban du Parlement. La liste chiite s'est présentée sous le générique “Résistance, Libération et Développement”. Tout un programme qui colle assez bien aux enjeux du Liban. L'électorat dans cette région frontalière d'Israël est entièrement acquis aux chiites, considérés par les autres communautés libanaises comme symboles de la résistance face à l'occupation israélienne. L'ONU et les Etats-Unis ont beau exiger le désarmement de la résistance chiite, le Liban reste sur cette question intransigeant. L'opposition démocratique, menée par le couple Saâd Hariri-Kamel Joumblatt, s'est même rapprochée du couple Hezbollah-Amal. Si le Sud Liban est le fief du Hezbollah, bien qu'il ait été accusé de proche de Damas et de Téhéran, Amal est plutôt présent à Beyrouth, dans les banlieues populaires où vit également la diaspora palestinienne. Amal, dirigé par Nabih Berri, président sortant du Parlement, paraît moins lié que son coéquipier aux chiites iraniens et aux autorités syriennes. Pour les responsables du Hezbollah qui, tactiquement, évacuent la question du rôle de la Syrie dans le nouveau Liban, la victoire aux législatives est synonyme de solidarité avec la résistance contre Israël. C'est un message clair aux étrangers, principalement aux Américains dont la politique au Moyen-Orient reste dictée par la protection qu'ils assurent à Israël. La victoire de dimanche dernier est considérée comme un camouflet à Bush pour qui le Hezbollah est une organisation terroriste qu'il faut désarmer. Le président américain a, cependant, adouci le ton ces derniers temps à propos de ce mouvement, dès lors que le Liban a manifesté son adhésion à la politique souverainiste des dirigeants chiites. Hezbollah et Amal n'en sont pas à leur première alliance. Cette fois, c'est le raz-de-marée grâce, paradoxalement, à leurs alliés chrétiens et sunnites. Les sièges des bastions au Liban sud et dans la région Baâlabek, dans l'Est, leur reviennent. Sur les 23 sièges du Sud, que la liste Hezbollah-Amal a raflé, le Hezbollah aura 6 sièges, Amal 8, le reste allant aux formations alliées. La sœur de Hariri, l'ex-Premier ministre dont l'assassinat a constitué le point de départ du nouveau Liban, est passée dans le Sud grâce à la consigne du Hezbollah. Le Hezbollah devrait conserver son bloc parlementaire lors de la troisième étape des législatives, dimanche prochain, en gagnant 7 sièges à Baâlabek. D. Bouatta