Le consensus qui avait amené la société israélienne à soutenir le projet de la guerre contre le Liban commence à s'effriter. Malgré la propagande de l'armée israélienne, une opposition contre la guerre déclarée par Tel-Aviv au Liban commence à se constituer. Près d'un millier de personnes ont manifesté samedi en début de soirée à Tel-Aviv contre la guerre menée au Liban par l'armée israélienne et pour un cessez-le-feu immédiat. A l'appel de mouvements d'extrême gauche, les manifestants, des juifs et des Arabes israéliens, se sont réunis sur la place Rabin, dans le centre-ville, brandissant des drapeaux rouges et des pancartes où l'on pouvait lire « Oui à la paix, non à la guerre ». Les manifestants ont appelé les « soldats de Tsahal à faire preuve de courage en refusant de tuer ». Il s'agit de la quatrième manifestation à Tel-Aviv à l'appel du même collectif, formé notamment d'organisations pacifistes israéliennes — Tayoush, le Bloc de la paix, la Coalition des femmes pour la paix ainsi que le parti communiste et le parti nationaliste de gauche arabe Balad. Le 22 juillet dernier, dans la capitale commerciale israélienne de Tel-Aviv, quelque 5000 personnes, venues de tout le pays, ont crié haut et fort leur rage contre la guerre criminelle qui touche les populations civiles au Moyen-Orient. « Arrêtez la monstruosité de la guerre », « Nos enfants veulent vivre » étaient entre autres slogans lancés par la foule de manifestants juifs. Ils avaient aussi accusé le Premier ministre, Ehud Olmert, et le ministre de la Défense, Amir Perez, d'assassiner des enfants et de commettre des crimes de guerre en complicité avec la politique américaine. Parmi les slogans, il y avait « Olmert est d'accord avec Bush : guerre et occupation » et « Perez, tu verras, on se retrouvera à La Haye ». Ces sentiments reflètent assurément des inquiétudes plus larges quant à la perspective d'être entraîné dans une guerre plus étendue au Liban. L'opinion publique israélienne a pris conscience des dangers que peut entraîner la poursuite de la guerre contre le Liban. Le nouveau défi semble être maintenant celui de passer d'une série de manifestations à un large mouvement antiguerre. Une guerre dont la stratégie a été ficelée bien avant la capture des deux soldats israéliens par le Hezbollah. Le président libanais Emil Lahoud avait estimé, à la deuxième semaine de la guerre contre le Liban, que l'offensive sioniste a été préparée bien avant. Israël ne cherchait qu'un prétexte pour attaquer le Liban. Cela étant, la mobilisation contre la guerre au Liban va crescendo. Hier encore, entre 20 000 et 30 000 personnes, selon les estimations des journalistes sur place, ont manifesté dimanche à Casablanca pour réclamer l'arrêt du « bain de sang » au Liban. Des drapeaux américains et israéliens ont été piétinés puis brûlés par un groupe de manifestants. A Bruxelles aussi, près de 20 000 personnes ont manifesté pour la paix au Liban. Sur un char symboliquement conduit par une caricature du président américain George W. Bush, les Etats-Unis et Israël, qualifiés de « criminels », étaient appelés à « stopper le massacre ». La semaine dernière, 5000 personnes avaient manifesté dans les rues de Bruxelles pour l'arrêt de la guerre au Liban.