Déçus de ne pas avoir été reçus par le wali auquel ils tenaient à exposer leurs problèmes de sécurité, des dizaines d'enseignants, d'enseignantes et de parents d'élèves en sit-in jeudi, promettent de revenir aujourd'hui devant les grilles de la wilaya. «Nous ne reprendrons le travail que lorsque nos vies seront en sécurité. Nous sommes des victimes que personne ne veut écouter, mais nous ne nous tairons pas !», crie de toutes ses forces une enseignante, avant que sa collègue ne rajoute : «Le wali ne veut pas nous recevoir, alors qu'il est le seul à détenir la solution de notre problème.» Et pour cause, le directeur de l'éducation aurait affirmé que la sécurité à l'intérieur et à l'extérieur des établissements scolaires n'est pas de son ressort. Ses prérogatives s'arrêtent, selon lui, à la mise à disposition de moyens didactiques. Alors qui peut et doit protéger les enseignants et les élèves ? Impuissance Contacté, Azzedine Djillani, directeur de l'éducation de la wilaya de Ghardaïa, confirme : «J'ai reçu, jeudi matin, près d'une vingtaine de personnes entre enseignants, enseignantes, parents d'élèves et présidents d'association de divers quartiers de la cité El Korti. J'ai expliqué que leur sécurité n'était pas de mon ressort et les ai orientés vers la wilaya pour exposer leurs problèmes, compte tenu que le wali est le président de la commission sécuritaire et donc le seul à même d'ordonner des déploiements d'hommes, de la police ou de la gendarmerie pour sécuriser ce tronçon de Châabet Etteli et assurer la sécurité autour des établissements scolaires afin d'éloigner, et s'il faut procéder à des arrestations.» Enième sit-in C'est ce qui a incité et obligé les protestataires à rejoindre le siège de la wilaya où ils ont insisté, de 9h à 18h30, pour être reçus par Abdelhakim Chater, le wali de Ghardaïa, en vain. Il faut souligner, par ailleurs, l'intransigeance des protestataires à refuser tout autre interlocuteur autre que le wali. En effet, dès la matinée, plusieurs propositions leur ont été faites pour être reçus par le chef de cabinet qui, semble-t-il, selon les déclarations de Ahmed Boukhari l'ancien P/APW de Ghardaïa et actuel député à l'APN, aurait été mandaté par le wali pour les écouter et lui présenter un rapport sur la situation. Ce qu'ils ont refusé mordicus, campant sur leur position : «le wali ou rien». Fatigués mais non découragés, certains se sont carrément allongés au bord des jardinets entourant l'esplanade de la salle de conférences. «Ils veulent nous avoir à l'usure, mais nous n'avons pas d'autre choix pour nous faire entendre. Le chef de cabinet qui nous a reçus trois fois n'a rien fait», dénoncent-ils. Au crépuscule, après avoir compris qu'ils ne seront pas reçus, du moins pas ce jour-là, par le wali, les protestataires ont décidé de revenir aujourd'hui, plus nombreux avec l'apport des parents d'élèves et aussi avec des banderoles pour un sit-in en règle. Les raisons de la colère Ce mouvement de protestation des parents d'élèves et d'enseignants malékites exerçant dans les 4 structures scolaires implantées sur le périmètre de Belghenem, plus précisément dans la cité El Korti, à savoir le lycée Aflah, le CEM Ramdane Brahim et les deux écoles primaires Hamou Baba Moussa et Fekhar Hamou, est la conséquence d'une dégradation de la situation sécuritaire qu'ils vivent au quotidien, sur et en dehors de leurs lieux de travail. Plusieurs ont déjà été blessés et des bus de l'entreprise publique de transport ont été la cible de jets de pierres. En matière d'éducation scolaire, El Korti reste le seul lieu où la sécurité n'est pas encore maîtrisée. Il est grand temps de rassurer cette cité, à l'instar du calme revenu dans la majorité de la région, pour permettre aux citoyens de vivre dans la sécurité et la sérénité.