La grande salle de l'université Yahia Farès a été, dimanche matin, le lieu de rendez-vous d'un aréopage de professeurs, de docteurs et de chercheurs venus de plusieurs pays étrangers, comme de différentes universités du pays, pour mettre en exergue le parcours studieux, de recherches et de publications dans de nombreux domaines, de Mohamed Bencheneb. Ce fils de Médéa fait la jonction entre l'Algérie de nos aïeux et celle d'aujourd'hui. Le professeur Mustapha Chérif, président des travaux de ce colloque, a bien voulu aborder avec nous les questions concernant cet écrivain et professeur de Lettres et faire toute la lumière sur les positions du savant Bencheneb vis-à-vis de l'ordre colonial, et a donné son avis sur le choix de la problématique du colloque. A propos de la résistance à l'ordre colonial, Mohamed Bencheneb (1869-1929), dira M. Cherif, a pratiqué la résistance culturelle en sachant que la culture du peuple algérien était une affaire de résistance et de dignité. «Il savait que l'Orientalisme accompagnait le colonialisme et que la riposte ne devait être que multiforme. Il a assumé sa part de résistance en démontrant au monde entier que l'Algérie était une civilisation fière de ses racines et ouverte sur le monde», a déclaré le professeur Mustapha Chérif. Mohamed Bencheneb a enseigné ce qu'étaient l'identité et la personnalité algériennes. D'où l'accent mis sur les questions de l'éducation et de la culture populaire, lors de cette rencontre. «D'ailleurs, a encore expliqué le professeur Mustapha Chérif, Mohamed Bencheneb a vivement contribué à garder vivante la mémoire du peuple algérien dans toutes ses composantes». «Le savant Mohamed Bencheneb a toujours œuvré pour changer le regard de l'Occident sur la culture et l'histoire de l'Algérie. Ce combat dure encore et il est toujours d'actualité. Il a bien compris que la meilleure arme, pour sortir de la ‘‘colonisabilité'' et le sous-développement, c'est l'éducation et l'enseignement, la science et le savoir, dans le cadre de la défense intelligente des valeurs nationales. Il est donc légitime de vouloir adapter la modernité à nos valeurs propres», a martelé notre interlocuteur. «Pour arriver à cet objectif, conjuguer authenticité et modernité est un défi de toujours et que plus que jamais, la priorité doit être donnée au savoir, à la connaissance et à l'esprit scientifique pour bâtir une société responsable et citoyenne», a-t-il encore souligné. Mohamed Bencheneb qui, dira-t-il, nous a appris à dialoguer avec les autres en utilisant les vertus du dialogue et le savoir, tout en restant vigilants. Il a fait de «l'éducation et de l'enseignement des points cardinaux. Il considérait que la culture de la résistance doit être basée sur les principes de la droiture et du juste milieu comme enseigné par l'Islam, ce qui impose un travail de discernement pour que l'authenticité et la modernité deviennent des sources d'inspiration pour nos populations qui aspirent à l'universalité». A travers cette judicieuse et instructive rencontre d'une dimension internationale, on s'accorde à dire qu'il est temps de donner à cet érudit la place qui lui sied dans son pays natal. Et dire que des universités réputées de grandes capitales du monde enseignent, depuis bien longtemps, les œuvres littéraires et scientifiques de l'illustre Bencheneb !