Lassés par les grèves cycliques des enseignants menées par différents syndicats autonomes, les parents d'élèves ne comptent plus se taire. La dernière en date a été enclenchée depuis hier par le Cnapeste, qui revient sur des revendications qui ne relèvent même plus du ministère de l'Education nationale. Un bras de fer est donc engagé avec la ministre de tutelle, Mme Benghebrit, qui ne cède pas au chantage malgré toutes les concessions faites depuis son arrivée. La promotion de 240 000 postes de l'éducation en est la preuve. La ministre a tenté, à travers cette opération interne au secteur, de ne léser personne, notamment les anciens qui sont sur le point de prendre leur retraite. «La logique aurait fait qu'un concours soit aussi organisé pour les diplômés des universités désirant faire carrière dans l'enseignement. Mais elle a plutôt joué la carte de l'apaisement», fait-on remarquer. D'aucuns estiment que ce mouvement de grève est un mouvement de trop. Force est de constater que derrière ce débrayage se cache une arrière-pensée politique qui n'a aucune relation avec les revendications socioprofessionnelles. Le même scénario revient chaque année, alors que leurs revendications ont été à chaque fois prises en charge, estime l'Association nationale des parents d'élèves, qui tient à dénoncer cet état de fait. D'ailleurs, une conférence de presse ayant pour ordre du jour les grèves des enseignants est prévue, samedi prochain, au forum d'El Moudjahid. «Nous sommes pour l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants et heureusement de nombreux acquis ont été enregistrés ces dernières années, notamment pour ce qui du statut, des salaires et des primes mais cela ne peut pas être invoqué à chaque année scolaire. Il est clair que l'actuel mouvement de protestation n'a pas sa raison d'être puisque la ministre de l'Education a répondu à toutes leurs revendications soit 34 sur 36 points. C'est l'unique ministre de l'Education de toute l'histoire de l'Algérie qui a tendu la main aux enseignants à un mois de son installation. Comme elle l'a aussi fait pour les parents d'élèves pour la préparation de l'année scolaire 2014-2015», a déclaré Ahmed Khaled, président de l'Association des parents d'élèves, qui affirme que la majorité des enseignants sont contre ces mouvements de grève. Pour lui, les mouvements de protestation sont régis par les lois de la République, qui semblent être bafouées. «Nous demandons justement que ces lois soient respectées et que l'article 57 de la Constitution soit appliqué aux secteurs de l'éducation et de la santé, au même titre que la défense et la sécurité. Il n'a jamais eu une grève illimitée, dans aucun pays au monde, dans le secteur de l'éducation. Cela ne se passe qu'en Algérie», a-t-il dénoncé, en rappelant que ces mêmes syndicats avaient initié de nombreux mouvements de grève à l'époque de Benbouzid qui avait répondu à 80% de leurs demandes, et sous Baba Ahmed qui avait aussi contribué à améliorer les conditions socioprofessionnelles de ces enseignants. Cependant, d'énormes problèmes sont restés posés. Mme Benghebrit s'est plutôt attaquée aux vrais problèmes de l'école, qui touchent sérieusement notre système scolaire, notamment la pédagogie, le transport, la surcharge des classes, la violence, la sécurité, etc. «Des problèmes que ces enseignants n'ont jamais introduits dans leur plateforme de revendications», a-t-il encore souligné. Ahmed Khaled estime qu'il est temps de s'attaquer aux grands chantiers de la réforme scolaire et de penser sérieusement à l'avenir de nos enfants : «L'école algérienne a besoin de personnes comme Mme Benghebrit pour faire avancer la connaissance et instaurer un système éducatif digne de ce nom.»En attendant, le spectre d'une année perturbée est déjà là puisque d'autres syndicats comptent entamer un mouvement de grève après les vacances scolaires.