Suite à la décision de l'OPEP de maintenir sa production annuelle et ses conséquences sur les prix du brut, le ministre de l'Energie envisage une loi de finances complémentaire pour 2015. Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, n'écarte pas le recours à une loi de finances complémentaire pour 2015 si les prix du pétrole continuent sur une tendance baissière, précisant toutefois que la question n'a pas encore été abordée par le gouvernement. «Je n'écarte pas cette option, mais le gouvernement n'en a pas encore discuté» a notamment déclaré le ministre de l'Energie, lors d'une émission économique consacrée aux répercussions de la dernière réunion de l'OPEP, diffusée mardi par la Télévision nationale. A une question sur les dangers qui pourraient atteindre l'Algérie dans le sillage de la baisse des cours du pétrole, au plus bas depuis 2009, le ministre a estimé que «l'Algérie a les amortisseurs» qu'il faut pour faire face à la situation. «Nous ne connaîtrons pas de crise car si la chute des prix se poursuit nous pouvons, par exemple, recourir au Fonds de régulation des recettes (FRR)», a notamment souligné le ministre. Pour tenter d'endiguer la chute des prix, le gouvernement «ne reste pas les bras croisés», affirme par ailleurs le ministre de l'Energie, qui explique que l'Algérie poursuit des négociations avec les pays exportateurs membres et non membres de l'OPEP pour tenter de créer un rapprochement des points de vue dans l'optique d'une prochaine décision en faveur de la réduction de la production de l'OPEP, actuellement excédentaire d'environ 2 millions de barils par jour. Youcef Yousfi table sur une réunion extraordinaire de l'organisation avant la réunion ordinaire prévue en juin 2015. Il mise aussi sur la réunion de quatre pays producteurs, en février, pour faire passer le message de l'Algérie qui milite pour la réduction des cours afin d'endiguer la chute des prix de l'or noir. «Nous ne sommes pas partie prenante de la réunion qui doit regrouper le Venezuela, le Mexique, la Russie et l'Arabie Saoudite, mais nous négocions en ce moment pour tenter d'obtenir, lors de cette réunion, un consensus au vu de la dégringolade des cours.» L'Algérie prêche dans le désert Une situation qui, au sens des experts Abdelmadjid Attar et Mustapha Mékidèche, ayant pris part au débat avec le ministre, a dû surprendre même les pays (comme l'Arabie Saoudite) qui ont défendu le statu quo et la défense des parts de marché de l'OPEP face à l'émergence des producteurs du pétrole non conventionnel, quitte à faire chuter les prix. Selon le ministre de l'Energie, l'Algérie a opté, lors de la réunion de l'OPEP tenue à Vienne le 27 novembre 2014, sur l'option d'une réduction de 5% des quotas de l'OPEP au minimum, soit 1,5 million de barils/jour dans l'optique de stabiliser les prix qui étaient alors autour de 80 dollars. «Malheureusement, l'option de l'Algérie et d'autres pays tels que le Venezuela et la Russie n'a pas eu d'écho», rappelle le ministre, face à l'approche défendue par des pays comme l'Arabie Saoudite qui ont opté pour le maintien de la production pour préserver les parts de marchés de l'OPEP. Le ministre explique par ailleurs que la chute des prix constatée actuellement va décourager, si elle se poursuit, les investissements et la formation de la ressource humaine dans le secteur pétrolier et pourrait avoir des conséquences néfastes sur l'industrie pétrolière. A propos des exportations de gaz, le ministre de l'Energie confirme la diversification des ventes vers de nouveaux partenaires, notamment en Asie, «même si nous ne médiatisons pas cette option prise depuis quelques temps, nous sommes très avancés dans nos nouvelles prospections et en termes de contrats conclus avec les nouveaux partenaires asiatiques». M. Yousfi évoque des «pressions subies par l'Algérie» de la part de ces traditionnels clients européens concernant le prix du gaz, ce qui pousse le pays à prospecter d'autres marchés. A propos des contrats avec la Turquie ou l'Egypte, M. Yousfi a souligné que l'Algérie «ne pratique pas de prix d'ami», les transactions commerciales étant à différencier des aides qui peuvent parallèlement être accordées dans d'autres volets de la coopération.