Le 5e Festival international du cinéma d'Alger (FICA), dédié au film engagé, débute ce soir à la salle El Mougar, à Alger. Le festival durera jusqu'au 18 décembre avec la projection de 16 films entre fictions et documentaires. Les meilleurs films seront primés par deux jurys présidés par Djamel Bendedouche (fiction) et Mohamed Chérif Bega (documentaires). El Watan Week-end vous propose une sélection des films à ne pas rater. -Ouyoun el haramia : Ouyoun El Haramaia (Eyes of a thief) est le second film de la Palestinienne Najwa Najjar. L'histoire se déroule en territoires palestiniens. Adel (l'Egyptien Khaled Abou Naga) part à la recherche de sa fille après avoir purgé une peine de dix ans. La cinéaste évoque le rapport avec les Israéliens. Il est question du vécu des Palestiniens, des peurs cumulées au fil des ans, des privations, des erreurs du passé, de la quête de liberté, de peur et de doutes. Le long métrage est inspiré d'un fait réel, connu en territoires palestiniens par l'opération «Ouyoun El Haramia» (vallée au nord de Ramallah) qui remonte à 2002 lorsqu'un jeune snipper palestinien s'est attaqué à un barrage de contrôle de l'armée israélienne tuant onze soldats et deux colons. La chanteuse algérienne Souad Massi joue un rôle dans ce film et interprète même un extrait de la chanson hawzie, fadh el wahch aliya. La fiction est une coproduction entre la Palestine, l'Algérie, la France et l'Islande. Ouyoun El Haramia est sur la liste des meilleurs films étrangers pour les prochains Oscars aux Etats-Unis. Le long métrage a été déjà présenté aux festivals de Rio de Janeiro, du Caire et de Londres. Najwa Najjar s'est fait connaître du public en 2009 avec son premier long métrage, Al Mor oua al romane (Myrrhe et grenades). -Timbuktu : L'histoire Timbuktu, du Mauritanien Abderrahmane Sissako, est liée à l'actualité nord-malienne. Le film relate la souffrance de Tombouctou, une ville culturelle millénaire, envahie par des islamistes radicaux décidés à imposer leur «vision» du monde : ils interdisent la musique, la pratique du football, la cigarette et persécutent les femmes. La population, attachée à ses traditions, résiste à sa manière, alors que loin de la ville et sa nouvelle «morale», un homme se prendra le pied dans les filets d'une autre tourmente… «Ceux qui sont heurtés doivent se dresser pour dire non. Quand une église explose à Lagos le jour de Pâques, je suis blessé en tant que musulman et je dois le dire. Quand on se tait, on donne l'impression de cautionner, alors que ce n'est pas la réalité. Je vis au quotidien la blessure des musulmans après la mort de Hervé Gourdel (en Algérie, ndlr)», a déclaré Abderrahmane Sissako au quotidien français Le Figaro. Timbuktu est donc un film qui incite à la réflexion et qui peut libérer la parole sur les dérives du radicalisme religieux. Timbuktu a figuré dans la sélection officielle du dernier Festival de Cannes. Le film est en course pour l'Oscar du meilleur film étranger. -Enemy Way : Rachid Bouchareb est parti aux Etats-Unis raconter une histoire très contemporaine dans Enemy Way (La Voie de l'ennemi). Garnett (Forest Whitaker) sort de prison après 18 ans de détention et veut «refaire» sa vie. Il est appuyé par Emily Smith ( Brenda Blethyn), un agent de probation. Mais il doit affronter le shérif Bill Agati (Harvey Keitel) qui veut «venger» la mort de son adjoint des années plutôt. La conversion de Garnett à l'islam complique les choses dans un Nouveau Mexique plongé dans ses convictions blanches et chrétiennes. Les décors filmés par Rachid Bouchareb sont sublimes, ils sont des personnages à part entière. Forest Whitaker et Brenda Blethyn se sont distingués par un jeu d'une grande qualité. «Il faut que je trouve à chaque fois un challenge. J'ai envie de grandir dans le cinéma. Je vais vers des enjeux plus importants, je tourne aux Etats-Unis en langue anglaise avec des acteurs de grande envergure. Je veux aller vers d'autres terrains vierges, vers du nouveau…», nous a déclaré Rachid Bouchareb après la présentation de son film à Alger en février 2014. -La femme du ferrailleur : Ce film confirme tout le bien qu'on pense du cinéma de l'Europe orientale. Un cinéma vrai, profond et proche de l'humain dans sa complexité et ses douleurs. La femme du ferrailleur, du Bosniaque Danis Tanovic, plonge dans l'univers d'un drame provoqué par pauvreté. Senada (Senada Alimanovic), épouse de Nazif (Nazif Mujic), un ferrailleur, souffre d'une maladie et doit se faire hospitaliser. Mais l'opération chirurgicale est payante. Faute d'argent, Nazif se lance dans une quête pour sauver la vie de son épouse, mère de deux filles. Danis Tanovic a pris soin de narrer son récit sous une forme proche du documentaire comme pour souligner que pareilles situations ne relèvent pas de la fiction surtout dans des pays ravagés par les guerres. Le film est construit à partir d'une histoire authentique en Bosnie. Danis Tanovic a poussé le réalisme jusqu'à demander à Nazif et Senada de jouer leurs propres rôles dans son film inspiré d'un article lu dans un journal. «Nous avons tourné à l'instinct. Si les aspects techniques du cinéma peuvent s'apprendre, tout le reste vient d'un instinct qu'on a ou qu'on n'a pas», a soutenu le cinéaste. La femme du ferrailleur a obtenu le Grand prix du jury et l'Ours d'argent du meilleur acteur au dernier Festival de Berlin. Danis Tanovic a réalisé plusieurs films, comme Eyes of war (Les yeux de la guerre) en 2010. -Les sœurs Quispe : La dictature militaire est un poison. Lorsqu'elle s'installe, elle pollue toute l'atmosphère autour d'elle, chamboule la vie des petites gens. Dans Les Sœurs Quispe, le cinéaste chilien Sebastien Sepulveda revient sur un épisode douloureux qui a marqué l'histoire du Chili dans les années 1970. Pinochet avait décidé à l'époque de remettre en cause le mode de vie des paysans de l'Altiplano (Haut plateau situé dans la Cordillère des Andes), en leur ordonnant de vendre leurs bêtes et cesser de vivre de l'élevage. Le cinéaste raconte comment les sœurs Quispe, Luciana (Francisca Gavilan), Lucia (Catalina Saavedra) et Justa Quispe (Digna Quispe), vont vivre ce qui apparaissait, à leurs yeux, comme une mort prématurée, la fin d'une certaine harmonie avec la nature. -Comme le vent : Cela aurait pu être un «autre» film sur la mafia italienne. Mais Marco Simon Puccioni a décidé d'aborder le sujet autrement dans Comme le vent, s'inspirant lui aussi d'une histoire vraie, celle d'Armida Miserere, directrice d'un pénitencier, qui a perdu son mari Umberto (Filippo Timi) en raison de sa résistance à la mafia. Armida (Valeria Golino) continue avec courage sa lutte en acceptant la direction d'une autre prison où les criminels les plus dangereux y sont détenus. Elle impose ses méthodes et ses pratiques même si elle reste une femme triste «en quête de justice et d'amour». Mais le danger n'est pas uniquement lié aux menaces de la mafia… Marco Simon Puccioni, 51 ans, a, à son actif, une quinzaine de films entre courts et longs métrages, comme Sell your body, now ! (Vendez votre corps, maintenant !), 100 anni della nostra storia (100 ans de notre histoire) et Il colore delle parole (la couleur des mots). -Gaz de schiste, Les lobbies contre-attaquent : Ce documentaire du Français Michel Tedoldi revient avec précision sur la manière avec laquelle les lobbies industriels liés à l'exploitation du gaz de schiste agissent. Le gouvernement français a interdit en 2011 l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, une énergie très polluante et très coûteuse, sur le sol français. Les lobbyistes activent depuis cette date, usant de toutes les méthodes, pour amener les autorités françaises à annuler cette décision. Pour ce faire, ils sollicitent des scientifiques, achètent les hommes politiques et manipulent les médias. A voir !