Au terme de la troisième semaine de la guerre menée par Israël contre le Liban, la commission des secours du gouvernement libanais comptabilise plus de 835 tués, parmi lesquels des femmes et des enfants, et 3210 blessés. Le chiffre des victimes civiles au Liban serait beaucoup plus élevé. La commission des secours a précisé hier que son bilan ne porte que sur « des cadavres identifiés et ne tient pas compte des personnes qui se trouvent toujours sous les décombres ». Celui-ci ne tient compte également ni des victimes des bombardements au sud de Beyrouth où certains quartiers ont été entièrement détruits, ni des disparus du Sud-Liban, comme ces 70 personnes présumées mortes, ensevelies sous les décombres de maisons effondrées dans la région de Tyr. Comptabilité macabre Au-delà de cette comptabilité macabre, la commission fait aussi état de 898 760 déplacés, conséquence de la succession des offensives israéliennes au Liban depuis le 12 juillet. Si presque 200 000 déplacés ont quitté le pays depuis, ces populations qui fuient les bombardements sont aujourd'hui les premières victimes de la crise humanitaire qui sévit, guettées par les pénuries d'eau potable et en attente de soins. Les familles d'accueil et les organisations locales demeurent leur principale source d'aide, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). La situation inquiète, en effet, de plus en plus les organisations internationales et les réseaux d'ONG sur place. Toujours sous le coup des bombardements israéliens dans les régions de Baalbek et de Tyr, le Liban-Sud reste la région la plus sinistrée et la plus difficile d'accès pour les diverses équipes humanitaires. Par l'intermédiaire de son porte-parole, l'ONU a dénoncé mardi les conditions d'acheminement de l'assistance humanitaire aux populations sinistrées, rendues difficiles en raison de l'état des routes, du manque de financement et surtout des pénuries de carburant et de la situation sécuritaire qui met en danger les personnes engagées dans les activités médicales et humanitaires. Trois hôpitaux au Sud-Liban ont dû fermer récemment en raison du manque de carburant destiné à faire fonctionner les générateurs, tandis que « certains convois humanitaires ont dû être annulés en raison de problèmes de sécurité », affirme Ahmad Fawzi, directeur de la division de l'information et des médias du département de l'information. 2,5 milliards de dollars de dégâts Dans la même tonalité, le programme alimentaire mondial (PAM) s'est déclaré « de plus en plus frustré » par la décision de l'armée israélienne de n'autoriser, hier, qu'un seul des trois convois prévus pour le Sud-Liban, alors qu'une crise alimentaire se profile à l'horizon. Le PAM, qui, par ailleurs, a commencé mardi à Damas, en Syrie, la distribution de nourriture à près de 7000 civils libanais qui ont fui leur pays ces deux dernières semaines, un nombre qui pourrait atteindre les 20 000 personnes d'ici peu de jours. A cette crise immédiate se greffent des conséquences durables au conflit, touchant l'ensemble de l'économie et de la société libanaise, et qui font dire aux ONG sur place que leur travail devrait se prolonger bien après la fin du conflit. Le gouvernement libanais totalise en effet 2,5 milliards de dollars de dégâts, occasionnés par les bombardements israéliens aux infrastructures, habitations, tissu industriel, ainsi qu'aux secteurs des communications et de la distribution de l'énergie, tandis que le taux de chômage pourrait atteindre les 75%, selon une ONG locale.