De l'avis de beaucoup d'observateurs spécialistes de la question sécuritaire en Kabylie, l'Armée nationale populaire (ANP) préparerait une très grande opération de ratissage dans la région. Cette opération pourrait concerner quatre wilayas, à savoir Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira et Béjaïa. D'importants contingents de l'ANP ont été déployés ces derniers jours dans beaucoup de localités de la wilaya de Tizi Ouzou et dans les agglomérations frontalières avec les wilayas citées plus haut. Selon diverses sources locales, d'importants convois de l'armée ont été aperçus dans toutes les localités situées au sud de la wilaya, en allant de Draâ El Mizan jusqu'à Aïn El Hammam, en passant par Boghni, Ouacifs et Beni Yenni. D'autres sources évoquent la même mobilisation sécuritaire, à l'est de la wilaya, sur un axe englobant Azzefoun, Yakouren jusqu'à la forêt de l'Akfadou. A en croire nos interlocuteurs, depuis la mi-juillet, plus d'un millier de soldats ont été acheminés à Tizi Ouzou. Des observateurs estiment que cette mobilisation répond à un objectif bien précis. Le délai accordé par la charte pour la paix et la réconciliation nationale aux nombreux terroristes encore en activité prend fin à la fin d'août. Ainsi, l'armée se prépare à mener une vaste offensive contre les derniers groupes terroristes du GSPC, qui ont trouvé refuge dans les maquis de Kabylie. Des habitants de ces localités proches du Djurdjura ont fait état du survol de toute la région par des hélicoptères de l'armée à plusieurs reprises. Une manière, semble-t-il, de reconnaître le terrain, fortement accidenté, boisé et fortement miné par les éléments du GSPC. De nombreux barrages fixes de l'ANP ont été mis en place sur certains axes routiers réputés dangereux, comme c'est le cas au col de Tirourda. Depuis la fin des années 1990, les grandes opérations de ratissage ont été très rares dans la région. Il y a eu quelques opérations menées dans le maquis de Sidi Ali Bounab ou Mizrana, mais sans trop de succès. Et depuis le début de la crise en Kabylie, en avril 2001, l'action des services de sécurité a été considérablement réduite. Entre temps, les terroristes n'ont pas chômé. De nombreuses attaques ont ciblé des banques, des agences postales, des convois de fonds et plusieurs fois des patrouilles des services de sécurité. La situation est devenue tellement dangereuse que la population commençait à se poser des questions sur le rôle de l'Etat pour garantir la sécurité des biens et des personnes. Aujourd'hui, des sources sécuritaires évaluent le nombre des terroristes encore actifs dans les différentes régions forestières de la wilaya de Tizi Ouzou entre 200 et 300 hommes. Ces derniers éparpillés en petits groupes très mobiles ont trouvé dans la région un terrain favorable, sans trop de présence sécuritaire. Depuis le référendum sur la charte, le nombre de terroristes qui se sont rendus dans la wilaya est insignifiant. Pour les services de sécurité, le seul moyen de « nettoyer » la région est d'utiliser les gros moyens, et c'est ce qui semble se préparer depuis quelques jours. Depuis que les premiers convois de l'ANP ont fait route vers les hauteurs de la wilaya, fin juillet et début août, beaucoup de rumeurs, parfois fantaisistes, ont circulé dans la région. La rue à Tizi Ouzou évoque, à titre d'exemple, avec insistance l'imminence d'une opération de l'ANP dans les maquis de la région avec, en sus, un couvre-feu qui toucherait plusieurs wilayas du Centre, mais ce ne sont que des rumeurs. Toujours est-il qu'en cas de grande opération, l'ANP serait amenée à boucler certaines localités et interdire l'accès à certains axes routiers, pour éviter des accidents. Serait-ce la fin du GSPC qui se prépare en Kabylie ? On le saura dans les prochains jours.