Le tribunal d'Aflou a rendu hier son délibéré dans le procès des chômeurs d'Aflou qui s'est tenu il y a une semaine, dans cette localité située à 400 km au sud d'Alger. Sept jeunes chômeurs ont ainsi été condamnés à une année de prison ferme et à verser chacun 10 millions de centimes pour leur participation à un rassemblement pacifique organisé le 29 mai dernier devant le siège de la daïra d'Aflou. Vngt-cinq des accusés ont été acquittés, selon Nasrallah Miloud, l'une des 32 personnes citées à comparaître devant cette juridiction. Ils étaient poursuivis sous les chefs d'accusation d'«attroupement armé», «désobéissance», «trouble à l'ordre public» et «violence envers les agents de la force publique». Lors du procès, le représentant du ministère public avait requis une année de prison ferme à l'encontre des 32 prévenus et un dédommagement d'un milliard de centimes à verser solidairement au Trésor public. Le bureau de la LADDH à Laghouat a dénoncé, lundi passé, «une justice répressive», suite au réquisitoire prononcé par le procureur de la République. «Ces lourdes peines ont été requises alors que le monde entier célébrait la Journée internationale des droits de l'homme», a-t-il fait remarquer dans un communiqué. L'intervention musclée des forces de l'ordre, qu'il a qualifiée de «terrible répression», a, pour rappel, fait trois blessés parmi les manifestants, dont un a perdu un œil. Selon le représentant de la LADDH à Laghouat, Yacine Zaid, ce mouvement de protestation a été enclenché suite à «une promesse non tenue par les autorités locales». Le wali de Laghouat avait, rappelle-t-il, promis à des chômeurs d'Aflou l'ouverture de postes d'emploi dans le cadre du programme «Algérie blanche» ainsi que des parcelles de terrains destinés à l'autoconstruction. Il avait précisé qu'un quota de 80 chantiers d'entretien d'espaces urbains dudit programme serait débloqué au profit de ces jeunes. Quelques jours plus tard, dans une ambiance conflictuelle mettant aux prises des élus de l'APC d'Aflou, le quota prévu initialement a été revu à la baisse. Un rassemblement pacifique a été organisé devant le siège de la daïra, s'ensuivit une «terrible répression» des forces de l'ordre. Depuis plusieurs mois, les mouvements de protestation de chômeurs se multiplient dans le sud du pays : Ouargla, Ghardaïa, Hassi Messaoud et, plus récemment, Touggourt. Marginalisation, injustice, discrimination à l'embauche, mal-gouvernance et brutalité policière alimentent, en effet, ces mouvements de protestations cycliques initiés par de jeunes chômeurs. Selon Nasrallah Miloud, les sept chômeurs condamnés ont décidé d'interjeter appel de cette décision de justice.