Le festival national de la littérature et du cinéma féminins a démarré, en grande pompe, le 11 du mois courant: fantasia ponctuée par des salves de baroud, groupe de musiques folkloriques où la voix nasillarde de la «ghaïta» sous le rythme endiablé du «bendir» plongent la ville des eaux dans un véritable air festif brisant la monotonie et la grisaille du quotidien clôturant ainsi l'événement culturel de musique bédouine du terroir le 16 du mois en cours. Qu'a-t-on retenu de ce festival? Le festival de la littérature et du cinéma féminins a été marqué par une panoplie d'activités (séances de films suivies de débats, conférences, théâtre et ateliers montages, scripts, réalisations et scenarios) animés par des professionnels. Cinéastes et écrivains de diverses wilayas ont échangé leurs expériences dans un cadre convivial où le cinéma et la littérature se côtoient et font bon ménage. Madame Licir Khadidja, professeur de français en retraite et écrivaine, par modestie, a préféré parler d'une grande figure de la littérature algérienne, en l'occurrence Assia djebbar. Cette romancière prolifique a toujours dit j'écris pour donner la parole aux femmes et que les hommes ne parlent pas à leur place. Il faut lutter contre la régression et la misogynie. Après plus de 13 distinctions à l'étranger, Assia s'est tournée ensuite vers la caméra. La femme ne peut explorer le monde qu'en étant voilée, c'est comme l'œil de la caméra. Aissa djebbar veut renverser les rôles, l'homme cloîtré et la femme libre. Lors des débats, un intervenant dira : «Pourquoi cette écrivaine de renom est honorée, reconnue et respectée à l'étranger mais pas dans son propre pays ?» Pour sa part l'universitaire et critique Bensalah Mohamed dira: «En 1964, il y avait trois étudiantes dans l'amphithéâtre, maintenant il y a plus de filles que de garçons à l'université. Dans le domaine du cinéma, la femme n'a émergé que tardivement, elle n'était que script ou monteuse. Je suis contre la censure et les accusations gratuites comme ce fut le cas lors de la projection du film «L'Oranais». Laissons les artistes s'exprimer, nous sommes colonisés par les images occidentales et les moyens orientaux. Lors des divers débats, l'on a soulevé l'absence de salles de cinéma, ce qui fait que le FDATIC ne peut subventionner les films, le peu de techniciens et ingénieurs du son, de la photo. L'art est une passion enracinée, Chafia Boudraa, dite Aïni, à 84 ans, a effectué plus de 500 km d'Alger. Même hospitalisée à Saïda pour une hypotension, elle a continué jusqu'à la fin du séminaire national. La ville de Saïda a été toujours la ville du cinéma avec son ciné club des années 70 et ses deux metteurs en scène Hadjadj belkacem et Bahloul Abdelkrim. Ainsi après une longue hibernation, le phénix n'a fait que renaitre de ses cendres.