C'est une maison qui date de plus d'un siècle qu'habite Abdelkrim Bouchen avec sa famille, 21, rue Aissat Idir, à l'ancienne ville de Bouira. Les murs sont faits de terre et la toiture de zinc. Tout se prête pour que la pluie s'y infiltre. À l'intérieur, c'est un capharnaüm. Faute d'espace, on empile comme on peut les vêtements et autres objets. Lors de notre passage, les traces de la pluie de la matinée sont encore visibles. Abdelkrim est propriétaire comme beaucoup d'habitants des haouchs. Sur une proposition des autorités, les héritiers du haouch se sont engagés à céder le terrain en contrepartie des logements. Mais ils ne figurent pas sur la liste des bénéficiaires de logements affichée le mois d'août dernier. Les demandes d'audience envoyées au chef de daïra n'ont pas eu de suite. «Les autorités ont nié complètement notre haouch. On nous mène en bateau depuis le début», dit-il. «Ma demande de logement date de 1990. Des nouveaux jeunes postulants ont bénéficié. On ne sait plus à qui s'adresser», ajoute-t-il. En face de ce haouch, une femme tente de réparer le toit de sa maison. La pluie qui s'était abattue durant toute la matinée s'est introduite à l'intérieur de sa baraque. Des murs en parpaing sans aucune fondation et couverts de zinc et de plastique. Elle «croupit» dans cette maison depuis plus de dix ans, avec son mari victime de terrorisme et un enfant asthmatique. «Si j'avais où aller, je ne resterais jamais dans ce trou. Pourquoi nous privent-ils de notre droit au logement ?», s'indigne-t-elle. Des dizaines de familles caressent encore le rêve d'avoir un logement. Ce rêve est vieux de longues années. Les promesses de les reloger et éradiquer le vieux bâti sont aussi vieilles. Plus de 120 familles habitant les haouchs ont été recensées. Seul 70 d'entre elles figurent sur la liste des bénéficiaires de logements. Mais, autres responsables, autres décisions.