Pendant des années, plusieurs voix s'étaient élevées pour dénoncer la fermeture définitive en 2009 des deux complexes : Bouchegouf (Guelma) et Oued Smar (Alger). Ces voix ont certes trouvé une oreille attentive auprès de la SGP CEGRO, chargée du portefeuille industries des céréales : au terme de plusieurs études exhaustives engagées, des dispositions ont été prises en mai 2011 en vue de remettre en marche les deux usines dont les capacités de production installées s'élèvent à 5600 tonnes/an de levure fraîche et 1600 tonnes/an de levure sèche pour Bouchegouf, et à plus du quadruple pour Oued Smar. Plus de quatre ans après, ces mesures n'ont toujours pas été mises en œuvre. C'est dire que toutes ces bonnes volontés semblent s'être heurtées à des résistances politiques. La relance de la production nationale des levures impliquerait la disparition de beaucoup de privilèges pour des groupes aux intérêts particularistes, qui sont à la fois hors contrôle et irresponsables. Cette irresponsabilité, ce gaspillage, le député Smaïn Kouadria n'a pas manqué d'en faire part dans sa question orale adressée, le 13 novembre dernier, au ministre de l'Industrie et des Mines : «Il est inconcevable que l'Algérie continue d'enregistrer ‘‘zéro production'' de levures et que la facture d'importation en la matière ait atteint 130 millions d'euros en 2013», s'indignait-il. Et le membre permanent de la commission des Affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification d'ajouter : «La levure importée est de mauvaise qualité, la levure est subventionnée par l'Etat et le circuit de l'importation de la levure est contrôlé par trois gros bonnets du lobby import/import qui se sucrent grâce à la rente pétrolière». Le message du député est clair : «C'est bien l'aisance financière qui a poussé ceux qui la centralisent à privilégier la consommation de masse et à se passer d'efforts afin de développer des forces productives.» Aujourd'hui que cette aisance financière est sérieusement menacée d'amenuisement du fait de la baisse continue des cours pétroliers, l'heure doit être, selon Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines qui s'exprimait publiquement à ce sujet, mardi dernier, à la mobilisation générale et au don de soi en vue de «relancer en urgence la production nationale et diminuer les dépenses et les importations superflues».