«Nidaa Tounes ne gouvernera pas seul le pays», a assuré M. Essebsi, exhortant l'ensemble des partis politiques tunisiens à trouver un «large consensus». Le président élu de la Tunisie, Béji Caïd Essebsi, BCE pour les intimes, vient de démentir l'idée selon laquelle il est plus tourné vers l'Egypte et le Moyen-Orient que vers le Maghreb. Dans une déclaration faite hier à l'agence de presse APS, il a annoncé que sa première visite officielle à l'étranger sera en Algérie, affirmant que la coopération entre les deux pays va se renforcer à l'avenir. «J'ai déjà déclaré pendant la campagne électorale que ma première visite officielle sera en Algérie. Je le confirme en tant que Président», a dit M. Essebsi. «Les relations algéro-tunisiennes vont s'améliorer davantage dans l'avenir», a-t-il ajouté, en marge d'une rencontre avec des membres de son parti, Nidaa Tounes. Béji Caïd Essebsi est, rappelle-t-on, le premier chef d'Etat tunisien librement élu depuis l'indépendance, en 1956. Il a remporté la présidentielle de dimanche avec 55,68% des voix, devant le président sortant Moncef Marzouki. BCE a obtenu plus de 1,7 million de voix au second tour, contre 1,3 million pour son rival, qui a réuni 44,32% des suffrages, selon les chiffres annoncés lundi par l'Instance supérieure de la surveillance des élections (ISIE). Le taux de participation s'est établi à 60,1% des inscrits. Lors de son intervention devant les cadres de son parti, BCE a par ailleurs salué le peuple tunisien et tous ceux qui lui ont apporté leur soutien lors des élections législatives et de la présidentielle. Il a remercié notamment «les femmes tunisiennes» qui ont «fortement» voté pour lui, «avec plus d'un million de voix». M. Essebsi a appelé les dirigeants de Nidaa Tounes à se réunir pour discuter de la question de la formation d'un gouvernement de coalition. «Nidaa Tounes ne gouvernera pas tout seul le pays», a assuré M. Essebsi, exhortant l'ensemble des partis politiques tunisiens à trouver un «large consensus». Réussir à obtenir un consensus politique entre les différentes formations politiques est, pour nombre d'analystes tunisiens, une nécessité pour garantir la stabilité politique et remettre sur rails l'économie du pays. D'ores et déjà, les observateurs s'interrogent sur l'appartenance partisane du futur chef du gouvernement et de son équipe. Nacer Héni, cité par le quotidien La Presse de Tunisie, estime qu'il n'existe pas beaucoup de choix concernant la formation du prochain gouvernement : «Le meilleur scénario pour Nidaa Tounes est qu'il fasse participer tout le monde au gouvernement pour ne pas subir à lui seul les échecs prévisibles au vu de la délicatesse des dossiers à traiter.»