Face au retournement du marché pétrolier, le gouvernement est décidé à agir. La visite d'inspection ayant mené, hier, le ministre de l'Energie sur le puit-pilote d'exploitation de gaz de schiste, dans le bassin d'Ahnet, à une quarantaine de kilomètres d'In Salah, a été en substance l'opportunité de lancer l'offensive «communication» dans le double objectif de rassurer l'opinion quant aux mesures que compte adopter le gouvernement pour faire face à la baisse des revenus induite par la dégringolade des cours du baril, et dissiper les craintes en ce qui concerne l'impact de la situation actuelle sur le train de vie du citoyen algérien. L'approche de Youcef Yousfi a été didactique, il a lancé ce message : «Nous n'allons pas rester les bras croisés. Nous allons agir et non réagir à la situation.» Le ministre de l'Energie a en premier lieu expliqué les raisons de la chute des cours du pétrole, tout en réaffirmant les positions de l'Algérie sur l'attitude que devrait adopter l'OPEP face à l'évolution du marché. Estimant que les grands producteurs de l'OPEP se sentant menacés par la montée en puissance des producteurs hors OPEP, notamment ceux de pétrole de schiste, ont estimé nécessaire d'arrêter la correction du marché. Le fait est que, par la contribution de la révolution des schistes, une surabondance de l'offre caractérise le marché. M. Yousfi pense néanmoins que bien que cette raison soit avancée – en sus de divers autres arguments pour expliquer la chute des cours – l'Algérie ne partage pas le point de vue des grands producteurs de l'OPEP, lesquels justifient leur attitude par la nécessité de préserver les parts de marché de l'Organisation. Il a ainsi estimé que l'Algérie défend l'idée selon laquelle l'OPEP devrait «corriger le marché» dans l'objectif de défendre l'intérêt commun des pays producteurs, à savoir la préservation de prix acceptables et des revenus des producteurs. Bien que regrettant que l'OPEP n'ait pas abondé dans ce sens, M. Yousfi considère que le rôle de l'Organisation basée à Vienne est important et devrait être conforté par le dialogue entre ses membres, mais aussi par une concertation constructive avec les producteurs non OPEP. Reste qu'aujourd'hui, l'Algérie fait face à une réalité qui s'impose et à des lendemains très incertains. Il est vrai que les prévisions de clôture en matière de ressources pour l'exercice 2014 ne s'éloignent pas des objectifs. M. Yousfi évoque ainsi des revenus issus de l'exportation d'hydrocarbures flirtant avec les 60 milliards de dollars, contre 62 milliards de dollars en 2013. Petit recul certes, mais baisse des revenus après tout. Les prévisions pour 2015 et 2016 inquiètent le gouvernement. Pas de révision des prix de l'énergie Dans ce sens, le ministre de l'Energie rappelle que diverses études tablent sur un redressement des cours, particulièrement au 4e trimestre 2015, où le baril devrait revenir à 70 dollars, puis entre 70 et 80 dollars en 2016. Cependant, reconnaît-il, nul ne peut prédire comment pourrait réagir le marché pétrolier dans les mois à venir. M. Yousfi estime dans ce sens que le gouvernement est loin d'adopter une posture attentiste et prend des mesures, lesquelles ne devraient en aucun cas toucher les acquis et les investissements dans des domaines concernant le niveau de vie des citoyens tels que l'éducation, la santé et le logement. Il précise aussi que si les instructions découlant du dernier Conseil interministériel dédié à la situation du marché pétrolier évoquent la nécessité de rationaliser la consommation d'énergie, la question de la révision des tarifs de l'électricité et du gaz ainsi que des prix du carburant n'est pas à l'ordre du jour. Le ministre a expliqué dans ce contexte que son département s'attellera à la rationalisation de la consommation d'énergie et présentera, au cours des prochaines semaines, un programme visant l'efficacité énergétique dans le logement et les transports. De même qu'il est question de la mise à jour du programme de développement des énergies renouvelables qu'il faudra intégrer au mix énergétique. C'est ainsi que le programme d'investissement dédié au secteur sera maintenu, l'objectif étant de renforcer l'exploration et la base de réserves en hydrocarbures, qu'ils soient conventionnels ou pas.