Les cours du brut poursuivaient, hier à l'ouverture des échanges européens, leur chute que rien ne semble arrêter. Plus qu'un constat, le recul constant des cours relance ainsi les interrogations sur les niveaux des prix à atteindre à moyen terme, mais aussi et surtout sur la capacité de résilience de l'Algérie à un hypothétique choc pétrolier. Si le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi se montrait, il y a quelques jours, un peu optimiste et s'appuyait sur diverses études pour parier sur un redressement des cours dès le 4e trimestre de 2015, rien n'est acquis aujourd'hui. Le fait est que dans un blog publié dernièrement, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, et le directeur de l'équipe de recherche matières premières au sein de l'institution multilatérale, Rabah Arezki, y sont allés de leurs prévisions, lui de rassurer d'ailleurs. En prenant en considération les tendances en termes d'évolution de l'offre, de l'investissement dans le secteur ainsi que de la demande, les économistes du FMI tablent sur une remontée des cours à 73 dollars à l'horizon 2019. Une prévision qui s'éloigne d'ailleurs de celle tablant sur une remontée des cours à plus de 70 dollars en 2015 et à 80 dollars en 2016. MM. Blanchard et Arezki – ce dernier n'écartant toutefois pas le poids d'un changement éventuel de stratégie de l'OPEP et les tensions géopolitiques en Libye, en Irak, en Ukraine et en Russie, et prenant en compte les incertitudes élevées sur la reprise économique et par ricochet la demande en énergie – estiment incertaines ces prévisions et évoquent un intervalle de confiance sur les prix dans une fourchette assez large variant de 38 à 115 dollars. Incertitude de la reprise économique La situation du marché pétrolier est donc plus que jamais incertaine et l'évolution dépend tout autant de la situation de l'offre et de la demande, que de l'attitude des principaux producteurs de l'OPEP, à savoir l'Arabie Saoudite. Dans ce sens, le FMI rappelle que l'objectif de la monarchie du Golfe est de pousser les cours en dessous des points des gisements des producteurs non OPEP, en particulier les schistes américains, de ralentir les investissements dans ce segment et d'en réduire la production. L'institution de Bretton Woods met en doute la pertinence de cette stratégie. Ainsi, s'appuyant sur les données du cabinet Rystad Energy, les économistes du FMI, qui rappellent que les cours du brut ont perdu 50% de leur valeur depuis juin et 40% depuis septembre, précisent que les dépenses d'investissement globales des principales compagnies pétrolières pour le troisième trimestre 2014 ont baissé de 7% par rapport à 2013. De même que «le niveau de production de pétrole pourrait diminuer, mais de façon modeste, de moins de 4% en 2015». Ces derniers ne se privent pas de rappeler de quelle manière le refus de l'Arabie Saoudite de jouer le rôle de swing producer en 1986 avait conduit à une chute brutale des cours du baril, lesquels ne se sont redressés qu'une quinzaine d'années plus tard. Se pose ainsi la question de savoir si nous sommes en tant que producteur de pétrole préparés à faire face de nouveau à ce genre de scénario.