Les étudiants du centre universitaire de Tamanrasset se sont joints au large mouvement de protestation préparé par les opposants à l'exploitation du gaz de schiste dans le Sud. Une imposante marche, à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes entre étudiants et enseignants, a été organisée, hier, du centre universitaire vers le siège de la wilaya. Selon les organisateurs, 2000 marcheurs ont pris part à cette action, en signe de solidarité avec les habitants d'In Salah, qui ont investi la rue depuis le 31 décembre, en vue de manifester contre l'extraction du gaz piégé dans cette région, où se trouvent les trois puits pilotes, dont deux ont été récemment mis en service. L'arrêt des travaux dans ce site implanté à quelques toises des périmètres agricoles des deux localité de Sahla, à 35 km de la capitale de Tidikelt, est le motif de la discorde avec les protestataires, qui ont arboré plusieurs banderoles où l'on pouvait lire : «Le gaz se propage et le Sud agonise», «Non au gaz de schiste», «Ayez pitié de nos enfants, on en a marre de la marginalisation» et «Nous ne sommes pas contre l'économie de l'Etat, mais contre les projets nuisibles au citoyen. Les participants à cette marche, quadrillée par un impressionnant dispositif de sécurité, se disent prêts à durcir leur action si les autorités ne réagissent pas. «Cette protestation de soutien aux manifestants d'In Salah n'est qu'un début. Nous n'allons pas nous taire jusqu'à la satisfaction de notre plateforme de revendications», lancent les manifestants à l'adresse des responsables de la wilaya. Et de poursuivre : «Nous refusons de cautionner un projet polluant et qui ne profite, de surcroît, qu'aux étrangers. La population du Sahara a été longtemps exploitée par la France, qui tenait à concrétiser sa stratégie nucléaire au détriment de la vie de milliers de personnes utilisées comme cobayes. Aujourd'hui, après 52 ans d'indépendance, on n'acceptera jamais qu'on soit traités de la sorte.» Plus techniquement, ils ont expliqué que le procédé adopté pour l'extraction du gaz de schiste, outre le fait qu'il contribue à augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES), est susceptible d'augmenter le taux de radon — un gaz radioactif incolore et inodore présent dans les sous-sols — dans toute la région et localités environnantes. Ce qui accroît inévitablement le risque de cancer du poumon. Joint par téléphone, le secrétaire de l'Association des victimes des essais nucléaires d'In Eker, Ibba Boubekeur, a mis en garde contre les dangers et les différentes menaces qui pèsent sur les populations de Tidekelt et l'Ahaggar. «L'Etat doit se raviser avant que la situation ne prenne une tournure encore plus scandaleuse», a indiqué notre interlocuteur.