Abdelkader Kacimi El Hassani, consul général d'Algérie à Lyon depuis 2010, quittera son poste le 15 janvier pour exercer la même responsabilité au consulat général de Djeddah, en Arabie Saoudite. Avant son départ, il a bien voulu marquer les jalons de son exercice à Lyon. - Les derniers mois de votre passage à Lyon ont été marqués par l'opération passeport biométrique. Comment cela s'est-il passé ? Il a fallu une grande implication. On ouvrait à 7h30, pour gagner du temps, et cela nous a permis de régler pas mal de problèmes. On n'a pas connu les mêmes contraintes que d'autres consulats. Par contre, nous avons connu l'afflux. Des jours avec 300 à 400 demandes de passeport. La pression était énorme, mais nous n'avons pas eu d'incidents, ni de gros problèmes grâce à cette méthode de travail. - C'est pendant votre mission à Lyon qu'a eu lieu l'installation de la représentation algérienne dans de nouveaux locaux, un grand moment pour vous... C'est dans le cadre de la modernisation de toutes les infrastructures consulaires à l'étranger que j'ai mené cette tâche pour recevoir la communauté dans de meilleures conditions. Cet effort de l'Etat s'est concrétisé à Lyon en 2010. Cela nous a permis de sortir de l'ancien local exigu et vétuste, qui ne répondait plus à l'attente des administrés. Nous avons une communauté de 1 579 000 immatriculés, soit la population d'une grande ville française, à laquelle on doit faire face avec un personnel d'à peine 40 personnes. - Quelles sont les qualités requises pour être consul général ? D'abord être à l'écoute, c'est la principale exigence, car la mission d'un consul c'est la protection des nationaux à l'étranger. On ne lui demande pas d'être beau ou un génie, mais d'avoir des qualités humaines qui permettent d'être proche des autres, de les assister, de les aider et de les accompagner dans leurs difficultés. Il faut être loyal avec son pays, le défendre au mieux, être rigoureux, attentionné avec la communauté dans tous les moments. J'ai, par exemple, le souvenir de la Coupe du monde de football, où il a fallu déployer beaucoup d'efforts pour expliquer aux Français que la communauté algérienne est sage, loin des clichés et de la violence, et qu'il faut éviter les amalgames. - Quel est le moment le plus astreignant que vous ayez rencontré ? C'est le passage au passeport biométrique, car c'était un grand changement pour les administrés. Il a fallu de la pédagogie, car le bouleversement des habitudes prises était total. Faire face aux chaînes interminables, expliquer l'obligation de devoir attendre, faire attention aux malades, aux fragiles ; devant des réactions pas toujours compréhensives, c'était le plus dur. Je me suis impliqué personnellement sans jamais dire que j'étais le consul ; au contraire, je me mettais au niveau des gens sans parfois leur dire qui j'étais. La deuxième difficulté, c'est lorsque des images négatives sont colportées sur la communauté, il fallait des trésors de diplomatie pour donner une autre image de nos compatriotes qui vivent des moments difficiles et qui sont stigmatisés, avec des éléments qui se répercutent. Il fallait faire passer des messages contre ce qui se dit et qui n'est pas la réalité. - Vous avez des regrets sur des choses que vous auriez aimé faire mais que vous n'avez pas pu concrétiser, soit par manque de temps ou de moyens ? J'aurais aimé que l'ancien bâtiment du consulat dans la rue Vauban pût être aménagé au bénéfice des Algériens, en faire une maison de l'Algérie, un Centre culturel algérien ou une annexe consulaire, ou encore une école algérienne. Ce sont des demandes récurrentes des Algériens. J'aurais aimé lancer cela avant mon départ. - C'est un projet abandonné ? Non. Le projet est en cours d'étude. Soit une annexe consulaire, soit éventuellement une autre destination qui n'a pas été arrêtée. Plus qu'un regret, cela aurait été un souhait, car j'avais cela en tête et à Alger une réflexion est entamée.