Adoptés en 2006 et officiellement lancés en 2012, les travaux de réhabilitation du vieux bâti connaissent beaucoup de retard. Cela fait presque 10 ans qu'Alger veut se refaire une beauté. Parmi les projets adoptés à l'époque, la réhabilitation du vieux bâti, qui reste, malgré l'usure, un joyau architectural d'une immense valeur historique. Ce make-over, qui touche les plus grands boulevards de la capitale, est réparti sur 5 phases, dont la 1re, la plus importante aussi, touche 7 boulevards emblématiques du centre-ville. A cause des procédures administratives, ce projet d'une très grande utilité a tardé à voir le jour. Approuvé en 2006, les prévisions de son lancement avaient été fixées à l'aube de 2010. Sur le terrain, les travaux n'ont réellement commencé qu'en 2012. Sur les 864 immeubles de la 1re tranche, 211 bâtisses seulement sont réellement en cours de restauration. Le taux d'avancement des travaux n'est pas vraiment encourageant. Les chantiers ouverts à Didouche Mourad (20 immeubles à réhabiliter) et Mohamed V (20 immeubles) lancés en juin 2014 pour des délais de réalisation de 9 mois, soit en mars 2015, ne sont qu'à leur début. Les travaux ne sont qu'à 2% et 3,9% d'avancement. Un retard justifié par la présence des habitations sur les terrasses et les réseaux électrique et téléphonique qui gênent l'installation des échafaudages. Pour ces raisons, le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, a promis le reloger les indus occupants des terrasses et des caves pour permettre aux chantiers lancés de démarrer sainement et dans les plus brefs délais. D'après les déclarations de ce dernier, seul le n°10, rue Asselah Hocine, à Alger centre, est en passe de connaître la fin des opérations de réhabilitation. Un travail de mauvaise qualité «On dirait que rien n'a été fait ici», c'est la déclaration phare du wali d'Alger lors de sa visite à la cité Sellier à Hydra, où il n'a pas aimé le choix de la peinture pour les façades et s'est longuement attardé dans sa critique sur les travaux entrepris dans cette ancienne cité. D'ailleurs, son coup de colère a abouti à des ordres aux entreprises chargées du projet de «presque» tout refaire. Il a ordonné aussi une remise en marche des ascenseurs, tâche omise par ces entreprises. D'après le 1er responsable de la capitale, il faut prendre en compte tous les détails et surtout respecter les délais. Pour les spécialistes, cela n'est pas vraiment suffisant. Chaque immeuble doit avoir son carnet de santé. Dans ce document, toutes les conditions d'une opération réussie seront énumérées et suivies à la lettre. Ainsi, aucune place n'est accordée aux erreurs. D'après le 1er responsable de la Direction de l'aménagement et de la restructuration des quartiers Alger (DARQ), Abdelkader Guida, ces documents ont déjà été établis par la direction de l'habitat sous la houlette de son ministère de tutelle. Les résultats sur le terrain laisseraient entendre que ces carnets de santé n'ont été que du travail sans suite. D'un autre côté, les responsables locaux jettent la balle dans le camp des propriétaires d'immeubles. Vu que les deux tiers de ces immeubles appartiennent à des privés, ils doivent, après la fin des travaux, s'organiser en syndicats pour lutter contre toute agression sur l'immeuble. Ils doivent veiller à son entretien et faire face à tous les indus occupants qui veulent s'accaparer des terrasses et des caves. Au rythme où vont les travaux, les entraves administratives, le manque d'entreprises qualifiées et le fait que les différents intervenants se rejettent la balle, Alger ne retrouvera pas de si tôt son lustre d'autant.