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Ces jeunes trop « grossiers »
PHENOMÈNE DE LA VIOLENCE VERBALE À SKIKDA
Publié dans El Watan le 21 - 01 - 2015

F-lash-back : Skikda au courant des années 1960-1980 : Alors que dans d'autres contrées, la grossièreté était presque une marque déposée, à Skikda, on cultivait encore le respect, la citadinité et le civisme comme un label. Puis vinrent les années 2000. Ailleurs, d'autres villes du pays ont évolué en léguant les «insanités» aux archives collectives de la société. A Skikda, comme dans plusieurs villes de l'Est du pays d'ailleurs, on a fait le contraire…on a reculé pour emplir la rue d'un florilège de grossièretés et d'obscénités.
Intolérable ! Aujourd'hui à Skikda, cette ville dite méditerranéenne, il devient difficile de se promener en famille sans se faire agresser par ces mots trop «déplacés». Des jurons à connotation sexuelle et blasphématoire sont semés au quotidien en veux-tu en voilà. Sans vergogne ! «La grossièreté fait désormais partie de notre quotidien et on est obligé de faire avec. Que faire sinon ? Moi j'ai peur d'interpeller ces jeunes qui blasphèment, alors je fais semblant de n'avoir rien entendu», témoigne Louiza, une enseignante.
Ce témoignage, on peut le recouper avec des centaines d'autres, des milliers même, tellement le mal est profond. «Mais c'est normal», vous diront les jeunes. C'est normal, comme le manque de débouchées, de culture, de sport, de travail, le manque d'amour surtout, de projections aussi et de vie tout simplement. Génération «Normal», le vocable le plus utilisé par cette jeunesse, a fini par se «normaliser» pour devenir une référence sociale.
Un mode de vie et de pensée juvénile. Tout est donc «Normal» et les jurons en font «normalement» partie. La boucle est bouclée. Il suffit de flâner aux Arcades de la ville, aux alentours du marché couvert, devant les perrons des CEM et d'autres lycées de la ville pour ouïr tant et tant de «mélodies» d'insultes et d'insanités. Un chapelet de mots orduriers énoncé par des jeunes, des enfants de «la ville» comme on aime à le marteler ici à Skikda. Des jeunes, bien dans leur peau, bien habillés, au look très In et au-dessus de tout soupçon, usent de mots déplacés, juste pour se faire la conversation.
Ils ne sont pas «énervés» et n'ont aucune rixe à honorer. Les jurons s'incrustent dans leur langage, comme s'il s'agissait de simples expressions. Ils n'ont d'égard ni aux passants, ni aux dames, ni aux familles. Ils sont durement convaincus que leur «violence verbale» n'est qu'une manière «speed», pour échanger. «C'est Normal !» disent-ils.
Le stade, chaudron de l'indécence
Ces jeunes «impertinents» ne sont pas les seuls pourvoyeurs de l'insanité urbaine. D'autres lieux et d'autres groupes sociaux en font dans le réflexe verbal du juron. «A chaque fois que la JSMS, le club local, accueille au stade du 20 août 1955, je fais tout pour éviter de rentrer chez moi.
Depuis qu'on a ouvert ce stade implanté au centre-ville aux rencontres sportives de la JSMS, rester chez moi m'est devenu impossible», témoigne un habitant de la cité du 20 août 1955. Une cité mitoyenne du stade communal du même nom. Pourquoi ? La réponse est à chercher auprès des familles dont les demeures se trouvent près du stade.
Il s'agit des familles des cités populaires de Merj Eddib, du 20 août et de Boulkeroua qui ceinturent le stade. «Imaginez des slogans d'injures et de grossièretés à connotations sexuelles, amplifiées par les gosiers de milliers de supporters qui raisonnent clairement et explicitement dans votre cuisine, au moment même où vous vous apprêtez à passer à table avec votre femme et vos enfants. Imaginez seulement ce scénario, car vivre ce calvaire reste une épreuve impossible pour le plus indulgent des citoyens», explique un habitant de Merj Eddib.
Moralité de l'histoire: Skikda n'existe plus… elle n'est aujourd'hui qu'une ville mutante qu'on ne reconnaît plus. Dommage!


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