Les cinq personnes interpellées mardi matin dans le sud de la France étaient encore, hier, en garde à vue à Montpellier. Les chiffres relatifs aux djihadistes sont toujours élevés. Les «ninjas» de la police d'élite du GIPN et du RAID ont opéré des interpellations, mardi à Lunel (Hérault, sud de la France), et dans deux villages aux alentours. Cette petite ville avait marqué les esprits à la fin de l'année dernière avec l'annonce du décès de six jeunes djihadistes en Syrie, en octobre, décembre et janvier. Les projecteurs des médias s'étaient alors braqués sur cette commune de 28 000 habitants, loin des grandes banlieues montrées du doigt. L'opération avait été prévue début janvier, avant que les attentats du début de 2015 relancent la lutte antiterroriste et mis un coup d'accélérateur au renseignement qui a permis de remonter cette semaine vers des suspects.Un homme d'une trentaine d'années, qui se prénommerait Adil, a ainsi été interpellé à Aimargues (Gard) ; un autre l'a été dans le Biterrois (proche de Béziers) ; à Lunel, ce sont trois jeunes hommes qui ont été arrêtés. Les personnes arrêtées sont soit soupçonnées d'être parties en Syrie, soit d'être candidates au départ. «Cinq individus de 26 à 44 ans soupçonnés de participer à une filière active», annonçait le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mardi matin.Ils étaient encore interrogés hier, en garde à vue à Montpellier, par les enquêteurs de la brigade antiterroriste de Paris. Un des mis en cause serait le frère d'une des victimes de 2014.Un autre serait un Français converti à l'islam et radicalisé. Outre les djihadistes décédés l'an dernier, le ministre a ajouté que «plus de dix jeunes de Lunel ont rejoint les rangs de l'Etat islamique». Le préfet de l'Hérault, en juin dernier, avait indiqué qu'une cinquantaine de personnes au total avaient quitté la région Languedoc-Roussillon. Bernard Cazeneuve a indiqué que 161 procédures judiciaires sont ouvertes contre les djihadistes en France.On a également appris le recensement de 547 individus liés au djihadisme en France, chiffre dont on se demande s'il n'est pas en retrait par rapport aux données, forcément clandestines, que l'administration peut collecter. Un chiffre à mettre en parallèle avec les 1200 personnes parties ou revenues de Syrie, selon les estimations officielles publiées fin 2014. Le ministre de l'Intérieur a aussi indiqué que 154 interpellations avaient été effectuées jusqu'à présent ainsi que 90 mises en examen. 75 personnes ont été écrouées. M. Cazeneuve devrait se rendre prochainement aux Etats-Unis pour rencontrer les grands opérateurs du Net «afin de les inciter à lutter contre le terrorisme».Il était attendu hier à Riga, en Lettonie, pour une réunion européenne des ministres de l'Intérieur sur la lutte contre le terrorisme, où il sera notamment question du dossier PNR (pour Passenger Name Record), projet de collecte de données des passagers aériens.