Des dizaines de Ghazaouis ont manifesté, hier, devant les locaux de l'ONU après la suspension de l'aide affectée à la réparation des maisons détruites par la barbare et criminelle agression israélienne de l'été 2014, qui a réduit en cendres plusieurs localités de la banque de Ghaza. Cette suspension est liée à un manque de financements. De nombreux pays donateurs avaient pourtant promis plus de 5 milliards de dollars pour la reconstruction de Ghaza au lendemain de l'agression. Mais six mois plus tard, force est de constater que ces financements n'ont toujours pas été réunis. Conséquence directe : l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est obligée de suspendre l'un de ces programmes d'aide. Pour la reconstruction de Ghaza, «5,4 milliards de dollars avaient été promis en octobre à la conférence du Caire» a rappelé dans un communiqué Robert Turner, directeur à Ghaza de l'UNRWA. «Aucune de cette aide n'est pour ainsi dire arrivée à Ghaza. C'est douloureux et inacceptable», s'insurge-t-il. Chris Gunness, porte-parole de l'UNRWA, dénonce lui aussi une «décision regrettable» : «Ce sont les réfugiés qui [en] font les frais. Il y a encore près de 15 000 personnes qui, six mois après la fin de la guerre, vivent encore dans les centres de l'UNRWA ; 110 000 maisons ont été détruites. La majorité écrasante des gens vivent encore dans des conditions inacceptables. Nous avons des rapports qui montrent que des enfants meurent de froid. Il y a des familles qui vivent sous des bâches tendues sur les ruines de leur propre maison. En cet hiver, à Ghaza, les conditions climatiques sont très rudes.La situation de tous ces gens est effroyable. C'est vraiment regrettable pour toutes ces personnes. Et c'est regrettable pour l'UNRWA qui est contrainte de suspendre les aides.» Pour atténuer les souffrances des Ghazaouis, l'agence a lancé un appel «urgent» à la levée de 100 millions de dollars pour ce seul premier trimestre. Elle met en garde contre le risque de déstabilisation de l'enclave, durement frappée par la pauvreté et le chômage et contrôlée par le mouvement islamiste Hamas. Des israéliens accusent Netanyahu Plus de 96 000 maisons ont été endommagées ou détruites au cours de l'agression israélienne.Concernant justement la guerre menée par Tel-Aviv contre les Palestiniens, B'Tselem, une organisation israélienne de défense des droits de l'homme a accusé, hier, l'armée israélienne d'avoir délibérément mené des bombardements alors même que le commandement savait que ces raids tueraient des civils, premières victimes de son agression de l'été dernier. «L'une des marques distinctives du conflit de cet été dans la bande de Ghaza, ce sont les nombreux raids visant des immeubles résidentiels, détruits alors même que leurs habitants étaient toujours à l'intérieur», a affirmé ainsi dans un rapport B'Tselem. Et ces destructions ont été «le résultat d'une politique formulée par les responsables gouvernementaux et le haut commandement militaire». L'armée israélienne a réfuté ces accusations, soulignant que le mouvement de résistance Hamas se servait des civils comme de «boucliers humains». Pour les besoins de son enquête, B'Tselem a examiné 70 raids qui ont fait 606 morts, dont 70% étaient mineurs ou âgés de plus de 60 ans. En 50 jours, l'offensive, terrestre et aérienne de l'armée israélienne a tué près de 2200 Palestiniens — des civils pour 70% d'entre eux selon l'ONU — et plus de 70 Israéliens, quasiment tous des soldats. «Impossible de dire que l'armée ne savait pas ou ne pouvait pas savoir» que nombre de civils seraient tués dans ces attaques, a affirmé à la presse Yael Stein, qui a dirigé le rapport de l'ONG.«Peut-être le premier ou le deuxième jour, mais au 10e ou au 20e jour, quand on voit combien de civils ont été tués, ces attaques n'auraient pas dû avoir lieu.» «Il est vrai que Hamas et d'autres mouvements actifs dans la bande de Ghaza ne respectent pas le droit humanitaire international», affirme B'Tselem, mais les accusations de M. Netanyahu contre le mouvement islamiste vise à balayer «toute restriction à l'action israélienne, quelles qu'en soient les atroces conséquences».Il est à se demander d'ailleurs comment les Juifs qui ont vécu dans leur chair les horreurs d'Auschwitz peuvent, aujourd'hui, se comporter comme des nazis à l'égard des Palestiniens. Maintenant que le crime a été, une nouvelle fois, prouvé par A+B, il y a lieu de se demander ce que feront l'ONU et la communauté internationale du rapport de B'Tselem. Une chose est sûre : si elles choisissent de l'ignorer, ce serait de la complicité de meurtre.