L'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, a vivement réagi aux décisions prises lors du Conseil ministériel restreint tenu le 27 janvier dernier. Des décisions au sujet des protestations des populations d'In Salah contre l'exploitation du gaz de schiste. Cet ancien candidat à la dernière élection présidentielle d'avril 2014 estime que cette réunion restera dans les annales politiques «comme le modèle parfait de la non-gouvernance». «Ces décisions révèlent avant tout la légèreté et l'improvisation inacceptables dans la gestion des affaires les plus sensibles y compris celles qui concernent la stabilité du pays, la crédibilité de l'Etat et la cohésion de la nation», a-t-il commenté dans une déclaration rendue publique hier. Ces décisions, pour Benflis, «ne sont significatives de rien d'autre que de l'état de dégradation avancée et dangereuse auquel est parvenu un régime politique dont l'illégitimité, la perte de crédibilité, l'inaction et le désarroi prennent, de jour en jour, les proportions d'une véritable menace à l'existence de l'Etat national». Il considère que «les fondations même de notre Etat national sont désormais mises régulièrement à rude épreuve par un sommet de l'Etat vacant qui condamne le gouvernement à la léthargie et jette son propre discrédit et sa propre disqualification sur l'ensemble des autres institutions de l'Etat». Ali Benflis estime que ces constats «ne sont pas le produit d'esprits mal intentionnés, c'est le communiqué du Conseil ministériel restreint lui-même qui en permet l'établissement». «En effet, explique-t-il, ce communiqué dont la teneur est d'une incohérence et d'une légèreté sans précédent croit pouvoir ramener le véritable foyer de tension qu'est devenu l'ensemble du sud de notre pays, et en particulier In Salah, à un simple et banal malentendu.» Pour lui, une telle lecture est inquiétante «en ce qu'elle révèle que nos gouvernants n'ont pas pris la véritable mesure de la gravité de ce foyer de tension qu'ils ont eux-mêmes créé». Il regrette que «dans sa recherche désespérée de la sortie d'une crise qu'il a générée de son propre fait, le gouvernement prétend que ce dont il s'agit à Ahnat n'est rien d'autre qu'une expérimentation». Ali Benflis se dit convaincu que «ce concept a été inventé pour les seuls besoins de leur cause compromise». Il se réfère au communiqué du Conseil des ministres du 23 mai 2014 ayant donné le feu vert à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, dans lequel il n'est pas question d'expérimentation. «Sans ancrage juridique, ce concept est donc dépourvu de sens et d'encadrement légal précis et connu», affirme ce juriste de formation. «Bien plus, des responsables concernés ont affirmé à plusieurs occasions que la technologie d'extraction du gaz de schiste était parfaitement maitrisée, ce qui signifie que l'expérimentation n'a plus lieu d'être», relève encore Benflis, qui critique également l'annonce faite de créer des wilayas déléguées dans certaines régions du sud de notre pays. «Il est certain, selon lui, que cette vaste région du territoire national a besoin d'une organisation administrative plus présente, plus performante et plus adaptée aux besoins spécifiques de son développement. Mais les mesures annoncées par le gouvernement tardivement, dans la précipitation et sous une pression citoyenne devenue irrésistible, sont loin de répondre à cet objectif.» Mais, souligne-t-il, «en réduisant les crises et les tensions qui sont apparues dernièrement dans tout le sud du pays et en particulier à In Salah à une problématique d'encadrement administratif, le gouvernement a manqué, encore une fois, l'occasion d'en tirer les enseignements réels».