La colère à In Salah a été partagée par les habitants de la région qui n'ont pas manqué d'afficher leur solidarité. Ils ne veulent plus rien entendre. La principale revendication est l'arrêt pur et simple de l'exploitation du gaz de schiste dans la région. La mobilisation des habitants de In Salah, extrême sud du pays, ne faiblit pas. Elle prend de l'ampleur. Entamé il y a quelques jours, ponctué par une nuit de répression, le mouvement de protestation est toujours maintenu. Hier encore, des milliers de citoyens, hommes, femmes et enfants, occupaient la place du siège de la daïra pour exprimer leur opposition au projet. Une grève générale a aussi été observée dans la ville. La colère à In Salah a été partagée par les habitants de la région qui n'ont pas manqué de se montrer solidaires. A l'université de Tamanrasset, un grand rassemblement des étudiants, suivi par une marche vers le siège de la wilaya, a été organisé pour dénoncer la décision de l'exploitation du gaz de schiste, en signe de solidarité avec leurs concitoyens de l'extrême sud de la wilaya. «Les étudiants protestent et réclament l'arrêt du projet», «non au gaz de schiste», proclamaient des banderoles brandies par les manifestants. Selon un manifestant cité par l'APS, «cette action de protestation sera poursuivie jusqu'à obtenir la suspension de l'opération d'exploitation du gaz de schiste dans la région de In Salah». La même solidarité est exprimée dans d'autres wilayas du Sud, ce qui augure des journées très chaudes dans cette région du pays. Le même élan de solidarité a été constaté sur les réseaux sociaux où les internautes et les activistes ont dénoncé le recours du gouvernement à cette énergie non conventionnelle qui constitue, selon eux, un danger pour les ressources hydriques, l'environnement et la santé des populations. Ce qui se passe à In Salah en particulier et dans le Sud en général n'a pas laissé muets certains partis politiques et organisation de la société civile. Dans un communiqué rendu public hier, le RCD a condamné avec la plus grande fermeté la répression qui s'est abattue sur les populations du Sud. Faisant état d'un mort et d'une dizaine de blessés lors des manifestations à In Salah, le parti a estimé que «ce bilan tragique vient confirmer l'impasse d'un système autiste», avant d'avertir sur «les périls qui pèsent sur la Nation à cause d'une politique qui redistribue la richesse nationale en fonction des rapports de force; construits et entretenus par les clans au pouvoir». Pour le RCD, «loin de répondre aux besoins des populations, ce chantier (de gaz de schiste) semble plutôt dédié aux multinationales». Pour sa part, le mouvement Ennahda a exprimé son refus que les habitants du Sud «payent le prix de l'échec de la politique économique de l'Etat», en accusant le pouvoir de céder à des pressions étrangères. «La décision politique d'exploiter le gaz de schiste est le résultat de pressions étrangères et non une priorité économique à l'heure actuelle», estime ce parti dans un communiqué hier. De son côté, l'ex-candidat à la présidentielle du 17 avril dernier, Ali Benflis, a dénoncé l'absence de débat sur le gaz de schiste. «Le gouvernement a cru pouvoir procéder de manière unilatérale et autoritaire et se dispenser de l'explication et de la consultation que requiert la sensibilité d'une telle décision», a-t-il écrit dans une déclaration rendue publique hier. Pour M.Benflis, les événements de In Salah ne sont que la conséquence directe et logique des pratiques et des comportements du pouvoir qui ne prennent en ligne de compte ni les mises en garde de l'expertise nationale, ni les préoccupations et les inquiétudes exprimées par les citoyens. «Les événements de In Salah et de Tamanrasset reflètent donc une rupture dangereuse du dialogue social et de la nécessaire relation de confiance entre les gouvernants et les gouvernés», conclut-il.