Pour le conseiller du ministre de l'Energie le gaz de schiste est une révolution économique et négliger un tel potentiel serait irresponsable. Le parti majoritaire ne compte plus rester les bras croisés face aux protestations contre le gaz de schiste qui durent depuis deux semaines au sud du pays. Estimant que le Sud a été «trop ignoré par les politiques gouvernementales», le vieux parti a décidé de saisir directement le président de la République sur ce qui se passe dans le sud du pays. Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, s'est dit qu'il est du devoir du parti majoritaire d'attirer l'attention du président lui suggérant des solution pour apaiser les tensions et en finir avec cette crise. Sur un autre plan, l'opération de «com» autour du gaz de schiste continue. Les responsables concernés défilent et multiplient les sorties médiatiques pour tenter de rassurer les protestataires. Le dernier à avoir pris la parole, est le conseiller du ministre de l'Energie, M.Ali Hached, qui bien que rassurant d'un côté, considère «irresponsable» le fait de ne pas exploiter cette ressource. En effet, intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale, M.Hached a estimé que «le gaz de schiste est une véritable révolution économique» et que «l'Algérie ne peut pas rester en marge de cette technologie». Selon lui, l'Algérie «est appelée à devenir l'un des plus grands producteurs de gaz de schiste sur le marché international». Catégorique, M.Hached dira: «Quand on dispose d'une ressource aussi importante sur le territoire, il serait irresponsable de ne pas envisager l'exploitation de cette richesse le plus rapidement possible.» Face à la montée en puissance de la vague de contestation anti-gaz de schiste dans le pays, notamment dans le Grand Sud, où la wilaya de In Salah poursuit pour le quatorzième jour les cris de dénonciation, les responsables concernés se dépêchent pour rassurer et rattraper le retard en matière de communication. En pratiquement une semaine, pas moins de sept responsables se sont prononcés sur le sujet, à savoir le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi qui s'est déplacé à In Salah, le P-DG par intérim de Sonatrach, Said Sahnoun qui est intervenu sur la radio, le conseiller de Yousfi, M.Mechraoui, ainsi que des responsables du secteur de l'environnement et des ressources en eau. Une campagne d' «information» qui aurait dû être lancée bien avant le forage du premier puits pilote à In Salah, qui constitue l'étincelle des contestations. Mais les assurances de ces responsables, peinent à convaincre l'opinion publique. Jouant sur le vocabulaire, M.Hached utilisera le mot «gaz de roche mère» au lieu de gaz de schiste. Tout comme M.Sahnoun, le conseiller du ministre a reconnu que si des craintes se sont faites après l'annonce de l'exploitation de ce gaz «c'est parce que l'ensemble des acteurs concernés ont insuffisamment communiqué. On ne peut pas nier cette réalité». Pour lui «il est indispensable que les gens puissent comprendre les enjeux qui sont derrière ce nouveau type d'exploitation des hydrocarbures». Justifiant cette prochaine exploitation, M.Hached a évoqué la consommation annuelle de gaz en Algérie qui est estimée à 37 milliards de M3. «La hausse de la consommation interne est un signe de développement économique. Pour cela, il faut assurer, dès aujourd'hui, les besoins énergétiques du pays à long terme». M.Hached avance également un argument économique pour tenter de convaincre les gens du Sud en brandissant la carte de l'emploi. «L'exploitation de cette ressource dans le Sud va avoir un impact énorme à travers la création de milliers d'emplois.» Quant à l'impact, le responsable rassure, que ce soit à propos de la pollution des nappes phréatiques, de la santé des citoyens, ou des risques de séisme, il n'y a «aucune raison de s'inquiéter» car «l'ensemble des mesures sont prises pour éviter tout risque sur la population et sur l'environnement». Il estime encore que les énergies renouvelables ne doivent pas être considérées comme une alternative au gaz de schiste mais plutôt une complémentarité. Pour justifier ses propos quant à l'exploitation de ce gaz, M.Hached a évoqué le cas des USA qui, selon lui, «produisent plusieurs centaines de milliards de m3 de pétrole et de gaz. S'il avait produit des effets négatifs, les responsables de ce type d'activité auraient stoppé la production». Seulement, le cas des Etats-Unis ne semble pas être le bon choix. Puisque tout le monde connaît le rôle que les lobbys pro-gaz de schiste ont joué dans le choix des USA de recourir à l'exploitation de cette ressource. Selon une étude américaine, depuis 1976 la ville de Youngstown dans l'Ohio n'avait jamais connu de séisme. Mais en 2012, soit un an après le forage du premier puits de gaz de schiste, les sismographes de la ville ont enregistré 109 tremblements de terre de magnitude 3.8. Pis encore, désormais il est interdit d'exploiter ou d'explorer le gaz et pétrole de schiste dans l'Etat de New York, par la décision du gouverneur du même état, Andrew Cuomo, le 17 décembre dernier. La ville de Denton au Texas (USA), a également interdit le forage de nouveaux puits récemment. Même constat au Québec (Canada), où le Premier ministre Philippe Couillard a affirmé qu'il n'y aura pas d'exploitation de gaz de schiste dans son pays.