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In Salah à l'épreuve de l'usure
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Publié dans El Watan le 30 - 01 - 2015

Et un cran de plus dans la contestation, en cette fin de semaine et de mois de janvier décidément plein de surprises. In Salah réitère son «niet à la fracturation hydraulique». 700 km plus au nord, Ouargla décrète «l'annulation populaire de la décision de l'exploitation du gaz de schiste».
La volonté du peuple veut se substituer à celle du président de la République qui, au-delà de tous les aspects techniques relatifs à la dangerosité du gaz de schiste, son opportunité économique et son timing, n'a pas donné, mardi soir, la réponse à même d'apaiser la peur des opposants à ce projet. Le décalage entre In Salah et El Mouradia s'est creusé.
Le président Bouteflika a parlé. Ce président qu'In Salah appelait de ses vœux depuis bientôt un mois sous le froid, le vent, le soleil, a omis de donner la seule parole qui aurait pu convaincre les protestataires de lever le camp et regagner leurs domiciles : un moratoire sur le gaz de schiste. C'est pourquoi ni la wilaya déléguée ni les projets de développement n'ont suscité la joie qu'aurait pu vivre cette ville de l'extrême Sud dans d'autres circonstances.
Dans le discours même des membres du «groupe des 22» transparaissait un espoir en la fibre «sudiste» du Président. Au moment où ils affrontaient pêle-mêle les autorités locales, la délégation d'experts, le wali de Tamanrasset, le ministre de l'Energie et même le patron de la police, ce petit groupe croyait encore en une décision providentielle de la Présidence, nourrie par des coups de fil secrets et des émissaires proches des arcanes du pouvoir.
Manif' permanente
Maintenant que le silence est brisé, que l'omerta est bravée, que les plus hauts responsables de l'Etat, dans un excès de zèle suspect, se succèdent aux tribunes pour expliquer, selon l'ordre du président de la République, que «la fracturation hydraulique se fait depuis plus d'une décennie» et que «In Salah se réveille en retard, en réaction à un puits de gaz de schiste qui l'alimente en électricité via une centrale à 50 km».
Le dernier communiqué du comité de pilotage de Sahat Somoud parle d'«un rejet catégorique de la poursuite du second forage de Dar Lahmar dont les conséquences incomberont entièrement aux autorités du pays». Le comité insiste également sur le fait que les décisions du président Bouteflika, «mahomch mzya, hada hak» (ce ne sont pas des privilèges mais des droits) qui relèvent du fonctionnement normal d'un pays qui se respecte. Même son de cloche, hier à Ouargla, qui a brassé plus de 500 manifestants et autant de spectateurs.
Le comité populaire anti-gaz de schiste relève «plutôt du bakchich politique incompatible avec les revendications du peuple que de décisions présidentielles». Les grandes interrogations de l'heure concernent la souveraineté du pays, «attendu que la longue hésitation du pouvoir penche vers une lecture pessimiste qui met en avant des pressions étrangères», relève Tahar Belabès, figure du mouvement des chômeurs. Le meeting de Ouargla a également posé la question des accords secrets du Traité d'Evian, «des engagements économiques envers la France qui ne laissent pas les coudées franches à nos décideurs».
A In Salah et Ouargla, les manifestants ont fait appel à la solidarité de la communauté nationale : «Nous voulons que le peuple algérien unifie ses rangs et décide de son sort, loin des pressions du pouvoir.» Les uns et les autres ont fustigé les élus, «ceux qui ont offert notre sous-sol en pâture à ces explorations toxiques». Rendez-vous est pris pour demain, samedi 31 janvier, date choisie pour des manifestations simultanées à travers le pays.


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