Jamais un pays non européen n'avait atteint, auparavant, la finale du Championnat du monde de handball. Cette 24e édition, qui se tient à Doha, a dérogé à cette règle. Et ce n'est pas un pays aux traditions handballistiques établies qui a relevé ce défi, mais c'est le pays organisateur, le Qatar, un petit émirat gazier du golfe qui a tout fait pour réussir cette 24e édition, pas seulement sur le plan organisationnel, mais aussi pour ce qui est des résultats sportifs de sa sélection. Objectifs atteints ? Avant-hier soir à la salle Lusaïl, à Doha, l'équipe du Qatar a créé la sensation en s'imposant face à la Pologne (31-29), arrachant ainsi son billet qualificatif pour la finale ; elle affrontera la France, qui a battu, durant la même soirée, l'Espagne, sur le score de 26 à 22. La finale Qatar-France se jouera, aujourd'hui, dans cette même salle Lusaïl, à 17h15 (heure algérienne). Un rendez-vous inédit qui mettra aux prises un «expert» en la matière (la France est quatre fois championne du monde, 1995, 2001, 2009 et 2011, trois fois champion européen, 2006, 2010 et 2014 et deux fois champion olympique 2008 et 2012) face à un novice, le Qatar, qui, il y a trois ans à peine, ne possédait pas d'équipe capable de remporter la moindre rencontre face à un adversaire tout juste moyen. Si les «experts» ne sont pas à présenter, les «Qataris», eux, méritent le détour. Le sélectionneur de l'équipe du Qatar n'est autre que l'Espagnol Valero Rivera. Il y a deux ans, en 2013, il remportait la 23e édition du Championnat du monde de handball avec l'équipe de son pays. Aussitôt le challenge terminé, il est sollicité et recruté par les responsables qataris. Valero Rivera a profité de la souplesse de la réglementation de la Fédération internationale de handball (IHF) qui permet à un joueur d'opter pour une autre sélection nationale s'il n'a pas joué avec celle de son pays d'origine pendant trois ans, pour constituer un groupe de divers horizons. En plus du Qatar, représenté par 5 joueurs, il y a 9 nationalités dans cette équipe : Bosnie, Cuba, Egypte, Espagne, France, Iran, Monténégro, Syrie, Tunisie. La majorité des joueurs évoluent dans le championnat qatari (Al Jeïch majoritairement, Al Sadd et Al Rayane). Seul le gardien Danijel Saric, 37 ans, originaire de Bosnie-Herzégovine, évolue au FC Barcelone. Et ce sont des joueurs de très haut niveau. A titre d'exemple, Bertrand Roiné, un Français de 33 ans, a été champion du monde avec l'équipe de France en 2011, son adversaire du jour. Le Qatar est donc une sélection intergalactique. Mais Valero Rivera a réussi le pari de constituer un groupe très compétitif en l'espace de deux ans. En tout cas, la finale d'aujourd'hui sera très disputée. «Le match face à l'Espagne nous a usés», a déclaré le sélectionneur français, Claude Onesta, qui sait bien que le public et l'arbitrage, qui, éventuellement, peut être «influencé» même de manière involontaire, peuvent être des facteurs déterminants.Mais la France est décidée à s'offrir son cinquième titre mondial. Le Qatar, lui, veut entrer dans l'histoire. Et il a les capacités de réaliser cet exploit…