La major pétrolière américaine Chevron va réduire de 5 milliards de dollars ses investissements pour répondre à la dégringolade des prix du pétrole affectant sa rentabilité. Le groupe californien va investir 35 milliards de dollars dans ses projets d'exploration pétrolière en 2015, en baisse de 13% comparé à 2014, a-t-elle annoncé vendredi. L'an dernier, l'enveloppe était de 40,3 milliards de dollars. Les cours du pétrole ont baissé d'environ 60% depuis la mi-juin, ce qui contraint les groupes énergétiques et leurs fournisseurs de services à se serrer la ceinture. Chevron va suspendre tout programme de rachat d'actions, considéré comme une façon indirecte de choyer les actionnaires. En 2014, le groupe avait redistribué 5 milliards de dollars à ses actionnaires sous forme de rachats d'actions. Mécaniquement, quand une société rachète ses propres actions et les annule, elle augmente la valeur des titres restants pour le plus grand bénéfice de leurs propriétaires. A Wall Street, le titre reculait de 2,41% à 102,52 dollars vers 17H25 GMT. La veille, le britannique Royal Dutch Shell a annoncé une réduction de plus de 15 milliards de dollars de ses investissements, tandis que l'américain ConocoPhillips a diminué les siens de 2 milliards de dollars. Nous allons continuer à surveiller de près les conditions de marché et à y répondre tout en réduisant activement nos coûts, prévient vendredi le PDG de Chevron John Watson. Sans nommer les projets qui vont être affectés, le dirigeant explique que Chevron privilégiera ceux qui offrent les opportunités les plus lucratives. Le deuxième groupe pétrolier américain a déjà suspendu son projet de plateforme pétrolière en eaux profondes dans l'Arctique canadien.
Priorité aux gisements en développement Plus de deux tiers (23,4 milliards de dollars) des investissements iront dans des projets hors des Etats-Unis et en fin de développement. Les plus gros projets de Chevron sont en Australie (le gigantesque gisement de gaz naturel Gorgon à l'ouest, considéré comme l'un des plus importants sites de liquéfaction au monde), en Argentine (le projet d'hydrocarbures non-conventionnels de Vaca Muerta au sud-ouest) et au Kazakhstan (les gisements de Tengiz et Korolevskoye au nord-est de la mer Caspienne). Chevron, qui veut produire 3,1 millions de barils équivalent pétrole par jour d'ici 2017, va également se focaliser sur ses projets de gaz de schiste dans le bassin de Permian au Texas (sud). L'an dernier, la production était de 2,58 millions de barils équivalent pétrole par jour. Traditionnellement, une réduction des investissements dans l'industrie pétrolière est synonyme d'un déclin des bénéfices générés par l'activité de production-exploration, plus grosse contributrice - près de 88% des bénéfices de Chevron en 2014 - aux résultats. Elle tombe mal car les nouveaux puits pétroliers n'arrivent pas à compenser l'épuisement des plus anciens, selon les analystes. Chevron a dû interrompre à plusieurs reprises sa production de GNL en Angola par exemple pour de multiples problèmes. Le plongeon des prix du brut a fait reculer de 10,2% à 19,24 milliards de dollars le bénéfice net de Chevron en 2014. L'impact a été beaucoup plus important au quatrième trimestre, avec une chute du bénéfice net de 29,6% à 3,5 milliards de dollars. Le chiffre d'affaires s'établit à 211,97 milliards de dollars sur l'année (-7,4% sur un an) et à 46,1 milliards de dollars sur le trimestre sous revue (-18% sur un an). Les analystes espéraient respectivement 212,07 milliards de dollars et 30,65 milliards. Chevron a réussi à limiter la casse grâce à des cessions d'actifs et à son modèle économique, qui s'étend de l'exploration jusqu'à la vente au consommateur. Ses marges dans le raffinage se sont ainsi améliorées du fait d'une baisse des coûts de traitement du brut. Le bénéfice opérationnel des activités liées au raffinage a ainsi plus que quadruplé au quatrième trimestre, à 1,51 milliard de dollars.