Le rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'éducation a reconnu les efforts de l'Algérie en matière d'accès à l'école, tout en insistant sur la nécessité d'apporter des améliorations à la qualité de l'enseignement. Le rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur le droit à l'éducation, Kishore Sing, s'est entretenu, hier à Alger, avec les représentants de nombreuses associations de la société civile. Durant cette rencontre, qui a eu lieu au siège de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), il a été question des avancées enregistrées par l'Algérie dans le domaine de l'accès à l'éducation, mais aussi des obstacles qui emboîtent le pas aux efforts en matière de qualité et de formation professionnelle. «L'Algérie a consenti des efforts importants pour généraliser la scolarisation des enfants, et se mettre au diapason avec les conventions y afférentes qu'elle a adoptées. Cependant, aujourd'hui, il faudra améliorer le principe du droit à l'éducation, dont l'approche doit être basée sur le respect des droits de l'homme. Il est tout aussi important d'améliorer la qualité de ce droit consacré à travers une meilleure instruction, et une formation appuyée et ininterrompue des enseignants», a déclaré Kishore Sing. Le message est clair. Il est temps que l'Algérie améliore la qualité de l'enseignement prodigué dans ses écoles, ses universités et ses centres de formation. «Les investissements importants consentis par l'Etat pour assurer l'accès à l'éducation pour tous qui ne doit pas se faire au détriment de la qualité», a noté le rapporteur onusien, en marge de cette rencontre. Les participants ont, dans leur majorité, insisté sur les acquis, mais aussi sur les obstacles qui empêchent ou freinent l'accès aux écoles. Présidente de l'association Ikraa, Aïcha Barki est revenue sur le taux d'analphabètes passé de 30% en 1990 à 14% en 2014 grâce, dit-elle, aux efforts de lutte contre l'analphabétisation. Pour elle, «il faut impérativement renforcer le dispositif mis en place pour ramener les 2% d'élèves absents à chaque rentrée scolaire sur les bancs de l'école et éviter ainsi qu'ils aillent grossir les rangs des analphabètes». Mme Barki met l'accent aussi sur la formation aux métiers, notamment pour les filles et les exclus du système de l'éducation, qu'elle juge aussi importante que l'enseignement. «L'Algérie est un pays spécifique, qui a un programme d'alphabétisation assez éloquent. Comme l'éducation c'est aussi la formation, le pays a fait des progrès mais il reste beaucoup à faire dans ce domaine», lui réplique le rapporteur onusien. Abondant dans le même sens, le professeur Khiati, président de la Forem, préfère évoquer cette «spécificité» en rappelant quelques chiffres : «En 1962, il y avait quelque 300 000 enfants scolarisés, alors qu'aujourd'hui, ils sont plus de 8 millions à fréquenter les bancs de l'école et près 1,5 million dans les universités. Il est vrai que chaque année, 2 à 3% des élèves ne sont pas inscrits en raison de leur handicap. Ce sont en général des sourds-muets, des non-voyants, des handicapés moteurs, qui nécessitent une prise en charge spécifique qui n'est pas ou rarement dispensée.»