La visite hier en Algérie du rapporteur spécial du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies sur le droit à l'éducation, Kishore Singh, a été une occasion pour le mouvement associatif d'évoquer les lacunes dans le secteur. Après avoir été reçu dans une audience par le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, l'émissaire onusien s'est entretenu, avec des représentants de la société civile. Ainsi, après que le responsable onusien ait appelé à aller vers l'éducation professionnelle pour permettre une meilleure insertion dans le milieu du travail, la présidente de l'Association de lutte contre l'analphabétisme Iqraa, Aïcha Barki, a rappelé son programme de formation « utile et professionnelle » en faveur des femmes analphabètes qui lui a valu une distinction de la part de l'Unesco en 2014. « 13.000 femmes sont inscrites dans ce créneau de l'apprentissage de formation utile », précise-t-elle. Chose que le rapporteur de l'ONU souhaite voir se généraliser dans d'autres pays où ce type de formation est inexistant. « Il faut que le ministère de l'Education continue à assurer sa mission. Mais, d'un autre côté, l'éducation technique et professionnelle doit entrer en ligne de compte, en concertation avec les entreprises et les opérateurs économiques, dans le respect des valeurs humaines », dit-il. Pour améliorer la qualité de l'enseignement qui fait défaut dans notre pays, selon l'association Forem, Singh a souligné la nécessité de définir les responsabilités et le rôle des enseignants, concevoir des manuels scolaires qui répondent aux normes internationales et mettre les technologies de l'information et de la communication au service de l'apprentissage. A ce propos, Mme Aït-Saâdi, présidente de l'Association nationale pour l'insertion scolaire et professionnelle des enfants trisomiques, a annoncé la publication d'un guide destiné aux professeurs pour enseigner les droits de l'enfant. Elle estime, dans ce contexte, que ce genre d'enseignement devrait être introduit dans les programmes scolaires. Chose à laquelle adhère le rapporteur spécial de l'ONU, en se réjouissant que le taux d'intégration des filles dans le milieu scolaire soit important en Algérie par rapport à d'autres. « Il faudra aussi penser à cibler surtout les femmes dans l'éducation afin de les aider à s'intégrer dans le milieu professionnel », souligne-t-il. Pour ce qui est de l'éducation des enfants réfugiés, Kishore Singh soutient que beaucoup reste à faire et pas uniquement en Algérie. L'émissaire onusien fera remarquer que les discussions avec la CNCPPDH et les associations ont été très enrichissantes dans la mesure où ils partagent les soucis et les grandes questions de l'éducation. Parmi elles, la crise de l'éducation et l'action humanitaire dans le monde et l'éducation technique et professionnelle qu'il faudra lier, selon lui, aux programmes de lutte contre l'analphabétisme. « Nous devons reconnaître que l'Algérie est en bonne voie dans l'éducation, aussi bien d'un point de vue législatif qu'en matière d'investissements dans ce secteur. Ces actions sont renforcées par la participation active du mouvement associatif », a-t-il conclu.