L'Organisation pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation maritime internationale (OMI) tirent la sonnette d'alarme pour venir à bout de la marée noire qui touche le Liban. Cette pollution au pétrole est l'une des plus grandes qui n'ait jamais souillé la Méditerranée. La nappe de pétrole se répand depuis la mi-juillet à la suite du bombardement par l'armée israélienne des cuves de pétrole de la centrale électrique de Djiyé, au sud de Beyrouth. Résultat : plus de 15 000 tonnes de mazout se sont déversées, une quantité comparable à celle du naufrage de l'Erika en France en 1999. Aujourd'hui, on se demande où sont passés les écologistes, Green Peace, WWF, les ONG vertes occidentales… ? Ces grands défenseurs de la nature et de l'environnement se sont mobilisés en force après la catastrophe de l'Erika, le pétrolier qui a fait naufrage en déversant son fioul lourd en décembre 1999 au large de la Bretagne, ou encore en 2002, après le naufrage de Prestige. Ce pétrolier qui a pollué les côtes de Galice au nord-ouest de l'Espagne. Le battage médiatique et écologique provoqué par l'Erika et le Prestige, avec des images d'animaux mazoutés, plages souillées de boulettes noires, écolos dans leurs tenues blanches maculées de pétrole, semble ne pas s'appliquer pour lutter contre la nappe de pétrole provoquée par un raid aérien israélien au Liban. Une catastrophe écologique qui se déplace rapidement et menace les côtes de la Méditerranée. Bon sang, même les écologistes sont sélectifs et appliquent la règle « un poids deux mesures », subie jusqu'à aujourd'hui par les Palestiniens. Comme si un oiseau mazouté du Liban ou un poisson mort de la rive sud de la Méditerranée n'a pas la même valeur que celui de Galice ou de Bretagne. Loin des caméras des télévisions et dans l'indifférence totale des défenseurs du développement durable, les Nations unies ont pourtant réclamé le déblocage de 50 millions d'euros pour lutter contre la catastrophe écologique causée par la nappe de pétrole provoquée par Israël, un pays pollueur à l'abri de toute sanction. Les représentants d'agences de l'ONU ont déclaré que le manque de moyens les avait empêché d'évaluer l'étendue des dommages, étape cruciale pour pouvoir lutter contre la nappe de pétrole, constituée d'un carburant lourd difficile à éliminer. Des agences de l'ONU, comme l'Organisation maritime internationale (OMI) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnud), estiment que la situation est grave. Ils ont averti que la marée noire, qui dérive depuis un mois, constitue une menace pour toute la région. Jusqu'à présent, la marée noire s'étend sur 140 km de côte et menace la vie marine. L'ONU pense que 80% du pétrole ont atteint les côtes, que 20% se sont évaporés et que moins de 1% est en mer… Pour aider les autorités du Liban à nettoyer la marée qui s'est répandue sur ses côtes et empêcher que les pays voisins ne soient touchés, un plan d'action a été adopté au cours d'une réunion internationale qui s'est tenue jeudi dernier à Athènes, en Grèce. Le plan des Nations unies recommande d'organiser immédiatement des survols aériens, dirigés par un spécialiste indépendant. Une équipe de conseillers, composée au maximum de trois spécialistes de la lutte contre la pollution par les hydrocarbures, devrait être stationnée sur place de manière permanente pour contribuer à l'analyse du site et assister le ministère de l'Environnement libanais. La priorité aujourd'hui est de contrôler l'évolution de la catastrophe écologique qui pèse sur le Liban, dont le littoral constitue sa vitrine touristique. La marée noire touche aussi les pays de la Méditerranée. Reste une série de questions, reléguées au second plan par les Nations unies et écolos à deux sous : « Qui peut demander réparation à l'Etat d'Israël ? Comment s'appliquent les lois pénales internationales dans ce cas, alors que l'Union européenne a fait de cela une règle de principe dans le règlement du naufrage de l'Erika et du Prestige ? Israël va-t-il un jour payer les frais de sa pollution qui ravage les côtes du Liban et donne à la Méditerranée une couleur noire au goût amer de pétrole... ? »