Le plan de lutte anticancer, lancé il y a une année, sera soumis pour approbation au gouvernement mercredi prochain. Elles attendent parfois des mois pour décrocher un rendez-vous, quand la maladie ne les emporte pas avant. Pénurie de médicaments, manque de moyens techniques, absence de personnels qualifiés ou manque de place, les personnes atteintes de cancer sont livrées à l'attente face à une maladie qui se nourrit du temps qui passe. Le combat qu'elles livrent au cancer (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie) relève du parcours du combattant qui finit souvent en deuil. En Algérie, 70% des traitements commencent à un stade avancé, ce qui amoindrit les chances de survie et de guérison qui pourtant sont légion ailleurs. Face à cette situation chaotique, qui a atteint son apogée avec une effroyable pénurie de médicaments en 2011, un plan de lutte anticancer a été lancé il y a une année, jour pour jour. Il vient d'être finalisé et devra être soumis au gouvernement pour approbation mercredi prochain. Cette feuille de route comprend 8 axes stratégiques, 19 objectifs, 60 actions et 239 mesures à adopter pour sortir de la crise qui secoue la prise en charge du cancer en Algérie. Le cauchemar est loin d'être fini, mais l'Algérie semble avancer sur la question, à en croire le ministère de la Santé qui promet de mettre fin aux «très longs» délais d'attente pour accéder à la radiothérapie, notamment. Plusieurs centres anticancer ont été ouverts depuis, atténuant la forte affluence vers le centre de référence : le Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) de l'hôpital Mustapha Pacha. Mais est-ce assez, sachant que la maladie ne cesse de progresser ? Selon de nombreux spécialistes, sa prévalence devrait doubler, voir tripler dans les prochaines années. «On s'y est pris tard parce que l'investissement pour acquérir les appareillages destinés au traitement des cancéreux est très lourd», expliquait hier le professeur Mohamed El Hadj, directeur général des services de santé au ministère, qui s'exprimait sur les ondes de la Radio nationale. Il annonce que les capacité d'accueil des malades devrait doubler cette année : 14 accélérateurs (pour radiothérapie) fonctionnent, actuellement, à travers le pays. «Vers la fin de 2015, ils devraient passer à 35 puis, à terme, à 50 équipements de radiothérapie permettant de traiter les malades dans différentes régions du pays», promet-il. Mais avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes atteintes de cancer ne cesse d'augmenter rendant les efforts des autorités difficilement suffisants. L'ouverture au privé, une solution ? Une dizaine de demandes d'agréments pour l'ouverture de centre anticancer par des opérateurs privés seraient en cours d'étude actuellement par une commission mixte (ministères de la Santé et du Travail) mais la question semble bloquée. «Nous avons beaucoup de demandes d'agrément, et une dizaine de centres privés sont en cours d'installation, mais il y a une réticence puisque la question des remboursements des soins n'a pas encore été tranchée», expliquait encore, hier, le professeur Mohamed El Hadj. En attendant, le nombre de cancéreux ne cesse d'augmenter, faisant de la maladie la deuxième cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires qui provoquent la mort de plus de 20% de la population.