Photo : S. Zoheïr Par Amel Bouakba Au moment où le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière continue de nier l'existence d'une quelconque pénurie de médicaments indispensables dans le traitement de certaines maladies chroniques, les malades font face à un calvaire quotidien. Les pénuries touchent de façon répétée des médicaments anticancéreux, traitements destinés aux malades atteints d'hépatites virales, de myopathie… rupture de réactifs. Autant d'insuffisances criantes constatées régulièrement décriées par les malades. Le président de «SOS, hépatites virales» et membre du réseau des associations des malades chroniques ne cesse de dénoncer «une gestion catastrophique au niveau des hôpitaux et un manque flagrant de coordination avec la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)». Le département de Ould Abbes semble faire la sourde oreille aux doléances des malades chroniques qui font face seuls à leur détresse. Les nombreux appels ne semblent pas trouver d'écho auprès des autorités concernées. La situation des patients souffrant du cancer est des plus dramatiques, notamment ceux de l'intérieur du pays. La majorité d'entre eux sont orientés vers le Centre anticancéreux de Pierre-et-Marie-Curie, qui souffre actuellement d'un problème immense de surcharge et est devenu un véritable mouroir. L'absence de la radiothérapie complique encore plus les choses. Même le CPMC, le centre anti-cancer le plus grand du pays, n'assure pas le traitement par radiothérapie aux malades, son service étant arrivé à saturation, souligne le Pr Kamel Bouzid, chef de service du CPMC. Faut-il aussi rappeler que le CPMC ne dispose même pas de mammographe. Accéder au scanner relève, aussi, du parcours du combattant. Notons que l'absence de radiothérapie, un soin essentiel pour les cancéreux, hypothèque sérieusement les chances de guérison des malades. Ainsi, au moment où l'on parle de thérapies ciblées et de traitement de plus en plus innovants du cancer, chez nous des malades meurent faute de chimiothérapie ou de radiothérapie. Le plan national de lutte contre le cancer n'est toujours pas concrétisé sur le terrain et ce, en dépit des déclarations du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbes. Ce dernier continue d'assurer que tout va bien. Il a affirmé tout récemment qu'«il n'y a pas de pénurie», et que «tous les médicaments essentiels sont disponibles, y compris en produits anesthésiants». Il a rappelé en ce sens qu' «une enveloppe d'environ 10 milliards de dinars a été affectée dernièrement à l'acquisition de médicaments dont la rareté ou l'absence a été signalée sur le marché». Mais le décalage entre la réalité et les discours officiels demeure flagrant.