Le concours du village le plus propre que vous organisez depuis deux ans connaît un grand succès, mais révèle en même temps l'abandon des villages par les autorités et même par les assemblées locales. L'avez-vous constaté ? Nous sommes à la deuxième édition mais l'idée de ce concours, nous la devons à l'ancien président de l'APW, Rabah Aïssat (assassiné en 2006, ndlr). Notre motivation est d'encourager et de créer l'émulation entre les villages pour améliorer leur environnement. Cette initiative a connu un grand élan dans les villages. Ceci dit, je ne pense pas que les assemblées locales ne s'intéressent pas aux villages. Tous les programmes mis en place au profit des populations, à savoir les plans communaux de développement (PCD), le Fonds commun des collectivités locales (FCCL) et les subventions sur le budget de wilaya sont affectés en priorité aux villages. Ces dotations atterrissent dans les villages via les APC, parce qu'on ne peut pas financer directement les comités de village pour réaliser des projets. Nous n'avons pas le droit, en tant qu'APW, de gérer les comités de village puisque cela relève des missions des assemblées communales. On ne va pas s'immiscer dans les affaires des maires, mais on sait que tout ce qu'ils font est dans l'intérêt des villages. Cela dit, le propre de cette forme d'organisation traditionnelle, à savoir l'assemblée villageoise, est de se donner les moyens pour prendre en charge les affaires de sa communauté. La liberté d'un comité de village est de pouvoir, en plus et en dehors des programmes publics, réaliser des actions. J'ai été président de comité de village pendant 21 ans et je sais que la construction d'une petite salle pour les jeunes relève d'abord de l'initiative locale avant d'être celle de l'Etat. Quand un village prend les devants, il trouve les financements nécessaires. Avec la disponibilité et la volonté de ses habitants, il arrive à s'autofinancer, mais il peut aussi arracher des subventions à la suite de démarches au niveau de l'APW ou du wali. Le succès de l'action villageoise dépend du niveau d'organisation et de dynamisme de son comité. Quand cela fait défaut, les villageois sont contraints d'attendre les opérations pilotées par l'Etat, ce qui peut prendre du temps, en effet. Que fait l'APW que vous présidez pour débloquer des programmes de développement conçus au niveau central mais demeurant en suspens, notamment le fonds destiné aux zones de montagne ? Le fonds pour les communes de montagne n'est pas encore mis en place, mais nous travaillons pour obtenir une mise en application. L'exonération fiscale et autres avantages pour ces régions sont prévus dans la législation, ils ne sont pas effectifs et cela demande de lutter pour leur mise en œuvre. Nous entreprenons des démarches à travers des écrits, des discussions directes avec les ministres et nous prévoyons, à l'APW, d'effectuer prochainement un travail pour relancer ce dossier très important pour notre région où la population vit en majorité dans des villages en zones montagneuses.On parle beaucoup de développement rural, mais cela reste jusque-là un simple sujet de débat. Sur le terrain, il n'y a pas quelque chose de palpable à part les initiatives des associations et cela reste minime. Il faut sortir du cadre des séminaires pour lancer un réel développement local. Sur quoi les états généraux sur l'environnement organisés l'année dernière par la wilaya ont-ils débouché ? Ces réunions ont débouché sur des recommandations. On s'interroge : ce sont des recommandations pour qui ? Qui va faire quoi ? Les états généraux sur l'environnement, c'est utile, mais cela reste encore de la sensibilisation. Les APC n'ont pas les moyens, ni financiers ni juridiques, pour créer des entreprises dans ce créneau ou des structures pour recevoir et traiter les déchets. Il y a, dans la wilaya de Tizi Ouzou, trois projets de centres d'enfouissement technique (CET) bloqués par des oppositions de citoyens et ceux mis en service seront très vite saturés. Nous sommes en train de faire des propositions à l'administration pour trouver des solutions à ce problème.