L'hygiène publique constitue un vrai casse-tête à travers tout le pays. De l'aveu général, nos villes sont sales. On retrouve partout les mêmes amoncellements d'ordures qui amochent le paysage urbain, les odeurs nauséabondes qui s'en dégagent et les essaims de moustiques qui envahissent les espaces privés ou communs. Devant l'incapacité des services concernés à nettoyer tous les quartiers, les citoyens de la wilaya de Béjaïa ont décidé, cet été, de mettre la main à la pâte pour leur venir en aide. Cette tendance a vu le jour au début de l'été, lors de la préparation de la saison estivale. Afin de compenser la mauvaise prise en charge de ce dossier par les municipalités côtières, le mouvement associatif et les jeunes de différentes localités s'étaient démenés pour enlever des tonnes de déchets et de gravats qui enlaidissaient les rivages. Ils étaient plus d'un millier de volontaires à prêter main forte dans cette œuvre d'intérêt général. Toutefois, les communes n'ont pas fait grand-chose pour booster cette dynamique. Malgré la subvention attribuée à chaque municipalité concernée, les accès aux plages et les postes de secours n'ont été que sommairement retapés. Devant le succès de cette opération, l'initiative s'est étendue aux villes et villages. Au chef-lieu de wilaya, plusieurs associations et comités de quartiers ont joint leurs efforts pour décrasser les bas-fonds de la capitale des Hammadites. Les impasses, les espaces boisés, les culs-de-sac et les caves des immeubles, qui échappent habituellement à l'action des services municipaux, ont été assainis par des centaines de bénévoles, prêts à refaire leur geste en cas de nécessité. En plus des cités d'habitations, Oued Esseghir, le Front de mer, la forêt des Oliviers, les Aiguades et de nombreux autres sites fréquentés par les estivants ont été également apurés. Des tonnes de déchets ont été ainsi enlevées et évacuées vers les décharges publiques. Dans la vallée de la Soummam, les comités de villages et les organisations de jeunes ont adopté la même démarche pour améliorer leur cadre de vie. Une grande touiza a été lancée pour le nettoyage des accotements de la RN 26 qui traverse toutes les localités de la région. Emballages de boissons, pneus usagés et déchets de toutes sortes qui débordent des deux côtés de cet axe routier ont été partiellement enlevés. Cette entreprise, désintéressée et très bénéfique, était aussi une occasion pour sensibiliser le grand public sur la protection de l'environnement et la vulgarisation des bonnes pratiques écologiques. Depuis toujours, quand il s'agit de prêter main forte pour une activité d'intérêt général, le simple citoyen s'implique de toutes ses forces. Cela comprend aussi l'action humanitaire et caritative. A la fin du mois sacré de Ramadhan, plusieurs villages de la wilaya ont organisé des fêtes communes (Lawziaâ) pour venir en aide aux nécessiteux. Une tradition ancestrale permet à la communauté villageoise de festoyer dans la communion et le partage. La même solidarité s'est encore exprimée dans la lutte contre les incendies qui ont récemment ravagé plusieurs vergers en haute montagne. Des associations, dédiées à l'action de proximité et au développement local, étalent une surprenante force de proposition même si le retour d'écoute des autorités (APC, Wilaya) est souvent incertain. Pourvu que les édiles municipaux leur accordent un minimum d'attention, les administrés affichent une constante disponibilité à contribuer au bien-être collectif.