La remontée des prix du pétrole se fera, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sous le signe de la retenue dans les années à venir, avec une moyenne de 55 dollars le baril en 2015 et 73 dollars en 2020. L'Agence, qui penche pour des analyses en faveur des pays consommateurs, ferme en outre totalement la porte à l'éventualité d'un rebond conséquent des cours, estimant que les prix à plus de 100 dollars le baril sont désormais illusoires. Pour l'AIE, même si les prix du pétrole doivent remonter assez rapidement, ils ne retrouveront pas le niveau antérieur à la récente chute des cours, amorcée en juin 2014, en raison notamment d'une demande qui restera modérée dans un contexte économique peu dynamique. Dans un rapport publié hier l'AIE estime que «le rééquilibrage du marché devrait intervenir relativement rapidement mais que sa portée sera relativement limitée, avec des prix se stabilisant à des niveaux plus élevés que les points bas observés récemment, sous les 50 dollars, mais nettement inférieurs aux sommets de ces trois dernières années». L'AIE évoque un «nouveau chapitre» pour le marché pétrolier : celui-ci est «transformé, avec une offre plus réactive aux prix que dans le passé et une demande qui l'est moins». Les cours du brut ont amorcé un rebond ces derniers jours, après une chute de 60% depuis juin dernier sous l'effet conjugué d'une demande atone et d'une offre surabondante, alimentée notamment par la production de pétrole de schiste outre-Atlantique, souligne l'AIE, qui juge que le marché mise désormais sur une baisse de production à moyen terme, résultat des coupes opérées par les compagnies pétrolières dans les investissements pour faire face à la faiblesse des prix qui rogne la rentabilité des projets. L'AIE rappelle que la chute du baril s'est accélérée après la décision, en novembre 2014, de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de maintenir sa production en vue de privilégier, selon les prises de position du chef de file saoudien, la préservation de ses parts de marché face à la concurrence de plus en plus vive du pétrole de schiste américain. «Le rééquilibrage du marché devrait s'effectuer relativement vite mais il sera comparativement limité dans son ampleur», explique l'AIE, reprise par Reuters. La correction des cours provoquera «une pause dans le boom de l'offre nord-américaine mais elle n'y mettra pas fin» estime l'AIE, qui explique que «la croissance de l'offre de brut léger américain devrait donc ralentir dans un premier temps avant de reprendre de l'élan. L'AIE, qui table sur une production de 5,2 millions de barils par jour en 2020, estime que la demande mondiale pour le brut de l'OPEP devrait augmenter l'an prochain à 29,90 millions de barils/jour contre 29,4 millions attendus cette année.