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L'humanisme chevillé au cœur
Nafaa Zohra. Présidente de l'association humanitaire «Tendre la main»
Publié dans El Watan le 12 - 02 - 2015

Entre l'utilité et l'importance, Nafaa Zohra, née le 20 avril 1960 à Lakhdaria, ex-Palestro, (Bouira), et qui vit à Paris depuis les années 1980, a opté pour la première. Elle est utile, comme son nom de famille l'indique. Elle a l'humanisme dans la peau. C'est le sang des autres qui coule dans ses veines.
Ces «autres» ne sont que des enfants malades et fils de pauvres. Cette Palégasque dit avoir quitté l'école à l'âge de dix ans pour s'occuper des tâches ménagères à la maison et aider sa mère malade. Elle a tout appris à l'école de la vie. Agée d'un peu plus de vingt ans quand elle s'est mariée et est partie en France.
Dès son arrivée, la jeune de Palestro a tout fait pour ne pas rester «l'illettrée villageoise» qu'elle était. Elle commence alors à apprendre le minimum de la langue française qui lui permet de communiquer avec les autres. «Je lisais les journaux et je regardais la télévision. C'est grâce à cela que j'arrivais à communiquer avec le monde et trouver du travail», confie-t-elle. Son premier pas dans le monde de l'humanitaire, elle l'a entamé en 1999.
Elle écoute un appel qui a été lancé par une association sur les ondes de Radio Beur pour prendre en charge une femme venant d'Oran (Algérie) et qui accompagnait sa fille de deux ans pour des soins à l'hôpital Robert Debré, en France. La Palégasque n'a pas tardé à appeler l'association VPH. Elle a accueilli chez elle la femme en question pendant tout le mois de Ramadhan. Cette première action fut une révélation pour elle. Avant cet appel de la radio, Nafaa Zohra affirme qu'elle n'avait aucune idée sur ce voulait dire le mot association.
Le mois qu'elle a passé avec la femme oranaise lui était suffisant pour qu'elle découvre sa nouvelle vocation. Le mois sacré passé, elle adhère à l'association VPH où elle a travaillé comme bénévole pendant deux ans et demi. Le rôle de cette association était de se rendre au chevet des malades algériens hospitalisés en France. «J'ai pu visiter pendant ce temps plus de 600 personnes malades. Ce sont les plus beaux moments de ma vie que j'ai passés avec ces personnes», témoigne Zohra Nafaa.
Aider les personnes malades issues des familles démunies est sa seconde nature. Zohra Nafaa a voulu avancer dans sa vocation. Après les années de bénévolat, elle a décidé de fonder sa propre association. Et cette fois-ci, elle s'est tournée vers les personnes malades qui vivent en Algérie. Tout a commencé lors d'un court séjour qu'elle a effectué en Algérie en 2002. Elle se rend au chevet des cancéreux au Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc) au CHU Mustapha d'Alger.
Les conditions dans lesquelles sont soignées les personnes atteintes du cancer l'ont affligée. «C'est à ce moment-là que j'ai pris la décision de travailler dans mon pays, l'Algérie», confie-t-elle. Chose promise, chose due. Elle rentre en France, elle crée l'association Tendre la main. Six mois plus tard, elle retourne en Algérie en apportant des dons et des vêtements pour les enfants de l'hospice de la ville de Lakhdaria.
Ce fut sa toute première action humanitaire. Les onze enfants, les douze femmes et treize hommes de cet établissement étaient très émus par ce geste, se souvient-elle encore. C'est à ce moment qu'elle a entendu parler d'un bébé abandonné par sa famille à l'hôpital de Lakhdaria. Une petite fille prénommée Amel, née avec une malformation au visage, dans une clinique privée à Tizi Ouzou et transférée à Lakhdaria. Elle la rencontre, l'adopte et l'emmène en France pour la soigner (lire l'article ci-contre).
Et l'espoir renaît...
Nafaa Zohra n'en reste pas là. Elle continue à assurer la médiation entre des malades algériens et des hôpitaux français. Elle leur rend visite, les soulage dans leur solitude. Elle a connu des malades qui ont vendu leurs terres et même leurs maisons pour se soigner parce qu'ils n'étaient pas pris en charge par la sécurité sociale.
Elle a vu beaucoup d'entre eux retourner au pays dans des cercueils. Ce drame a fait fondre, voire briser le cœur de cette femme. Elle se souvient encore avec émotion d'un jeune de 26 ans, originaire de Djelfa, qui ne s'est pas réveillé d'une intervention chirurgicale à l'hôpital Foch, en France. Elle garde toujours sa photo prise quelques heures avant sa mort. «C'est dur quand un frère, un fils, une femme, une mère qui vient sur ses pieds pour se soigner retourne au pays dans un cercueil.
J'ai vu des dizaines de cas», lâche-t-elle. Il y a aussi des pères et des mères, une fois sortis de l'hôpital, qui ne retournent pas chez eux et abandonnent leurs enfants en Algérie. «Ça nous arrivait de collecter de l'argent pour payer les frais des soins et on le dépensait dans l'achat des cercueils», ajoute-t-elle. C'est ce qui l'a fait réagir et penser à une nouvelle forme d'aide.
Le malade algérien doit se faire soigner chez lui par des médecins étrangers. Qu'il meurt parmi les siens si le destin en décide ainsi. Pour que ce défi soit relevé, Zohra Nafaa crée une association éponyme en Algérie. C'était en 2012. Elle fait le tour des hôpitaux, et des médecins bénévoles ont donné leur accord pour venir en Algérie. Depuis, une équipe médicale dirigée par le Pr Alain Gilbert, un spécialiste reconnu dans la chirurgie du plexus brachial en France et dans le monde, et d'autres spécialistes dans la chirurgie de la main effectuaient des séjours à Alger.
Ils ont réalisé plus de 500 consultations et une soixantaine d'interventions chirurgicales au niveau de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) de Ben Aknoun. La liste des malades qui veulent être soignés par l'équipe médicale s'allonge. L'un des bureaux de l'association sis à Lakhdaria reçoit des dizaines de demandes chaque jour. En plus des soins, Zohra Nafaa s'occupe également de fournir des médicaments et du matériel médical gratuitement aux malades.
Ces médicaments sont chers et introuvables en Algérie. Pour ne pas décevoir les laissés-pour-compte, la présidente de l'association Tendre la main compte sur la générosité de la communauté algérienne et musulmane établie en France. Le combat de cette femme ne se résume pas uniquement à aider les malades démunis, mais aussi à sensibiliser les responsables du secteur de la santé à se pencher sur la formation du personnel. «La compétence des médecins algériens est reconnue en France et ailleurs.
Plusieurs médecins algériens travaillent dans les hôpitaux français et occupent des postes de responsabilité», confie-t-elle. Elle pense que si ces médecins ont fait de tels exploits, c'est parce qu'ils sont estimés à leur juste valeur. Quant au médecin algérien travaillant dans son pays, Mme Nafaa demande aux responsables de mettre à sa disposition les moyens adéquats.
Que la confiance règne entre lui et le patient. L'argent que l'on dépense pour payer les frais de soins à l'étranger peut servir à former la jeune génération de médecins. «On ne sauvera personne si on continue de fonctionner ainsi», ajoute-t-elle. Pour elle, la formation est la pierre angulaire du système de santé. Elle mène également une campagne de sensibilisation pour la prise en charge du malade une fois qu'il est sorti du bloc opératoire. «Tout le personnel de l'hôpital doit contribuer au rétablissement du patient, du chef de service jusqu'à la femme de ménage», a-t-elle souligné.
Si cette Palégasque «illettrée» mais débordante d'humanisme consacre sa vie entière à aider les personnes défavorisées, ce n'est sûrement pas pour se faire un nom. Mais pour que ces «petites» gens gardent espoir, ne se sentent pas prisonnières de leur maladie et que l'«autre» ne soit pas l'enfer à leurs yeux.


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