Quelques jours seulement après le début de la trêve entre le Hezbollah et Israël, les Palestiniens ont recommencé à vivre et à ressentir leur propre crise. Les pressions israéliennes sont toujours aussi fortes et variées. Israël poursuit son agression militaire « Pluies d'été », entamée le 28 juin contre la bande de Ghaza, suite à la capture, 3 jours auparavant, du caporal Gilad Shalit par des résistants palestiniens, avec son lot quotidien de morts, de blessés, d'arrêtés, de maisons détruites sous de fallacieux prétextes, de terres agricoles dévastées. Comme lors de chaque agression, la machine de guerre israélienne n'omet pas de porter atteinte aux structures de base des zones visées. Cette fois, pour la première fois depuis l'installation de l'Autorité palestinienne dans les territoires, l'aviation israélienne a systématiquement démoli tous les ponts routiers de la bande de Ghaza ainsi que de larges tronçons de routes, causant des difficultés énormes aux automobilistes, isolant les villes et les villages de ce territoire. Par ailleurs, l'aviation israélienne a pour la première fois bombardé la principale station électrique de la bande de Ghaza, qui produisait 70% de l'énergie électrique de ce territoire de 1,4 million d'habitants. En attendant la liaison du sud de la bande de Ghaza (les villes de Raffah et de Khan Younès) au réseau électrique égyptien, les Palestiniens ne peuvent bénéficier de cette source d'énergie, si nécessaire à leur vie quotidienne et à leur économie souffrante que 8 à 12 heures par 24 heures. Cette situation a entraîné une très forte demande des groupes électrogènes ainsi qu'une augmentation accrue de la consommation de carburant. Pour accentuer les pressions dans le domaine énergétique, Israël, seul pourvoyeur de carburant aux territoires palestiniens, a nettement diminué ses livraisons. Les hôpitaux de la bande de Ghaza qui souffrent d'un manque de budget, de médicaments et d'équipements médicaux, ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme, car l'arrêt de l'énergie électrique et du carburant menace des centaines de malades, dont la vie dépend de machines fonctionnant au courant électrique. Le siège ou le blocus total est une autre forme de pression utilisé par l'Etat hébreu. En plus de la fermeture quasi permanente du point de passage frontalier de Raffah entre la bande de Ghaza et l'Egypte, faisant de ce territoire le plus grand pénitencier du monde et de son impact terrible sur la population, les points de passage entre les territoires palestiniens et le territoire israélien sont ouverts aux marchandises, surtout d'Israël vers la bande de Ghaza à la guise des militaires israéliens. Le passage de personnes surtout des travailleurs palestiniens qui se comptaient par dizaines de milliers avant l'Intifadha déclenchée en l'an 2000, est actuellement strictement interdit. De ce fait, le taux de chômage dans la bande de Ghaza touche plus de 50% de la population active. Dimanche, à l'appel du syndicat indépendant, près de 2000 travailleurs sont sortis manifester leur mécontentement en face du conseil législatif palestinien où ils ont enflammé des pneus et jeté des pierres aux policiers déployés pour leur barrer l'entrée du bâtiment. Afin de les dissuader, ces derniers ont tiré des coups de feux en l'air. « Nous voulons la justice, nous voulons l'égalité, nous voulons du pain. Nous partageons le prix du sang, nous voulons partager la nourriture », proclamaient les banderoles. Les manifestants ont interpellé le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismail Haniyeh : « Où es-tu Haniyeh ? Nous allons rester ici ! », lui ont-ils lancé. « Le gouvernement nous a promis des changements et des réformes (...) Seules les personnes ont changé, mais il n'y a pas eu de changement ni de réforme », a affirmé le syndicat dans un communique. L'Autorité palestinienne traverse une crise financière aiguë en raison de l'embargo international imposé au nouveau gouvernement palestinien issu du Hamas, installé au mois de mars. Les Etats-Unis et l'Union européenne boycottent le gouvernement du Hamas qu'ils considèrent comme une organisation terroriste. De son côté, Israël a arrêté le versement des taxes et des droits de douanes, prélevés sur les marchandises palestiniennes transitant par les ports et les aéroports israéliens, ce qui prive le nouveau gouvernement d'une somme mensuelle de près de 50 millions de dollars qui contribuait au payement des salariés palestiniens. Les quelque 160 000 fonctionnaires de l'Autorité n'ont reçu que partiellement leurs salaires depuis mars et les indemnités d'aide aux chômeurs n'ont pas été versées. Sur le plan organisationnel et politique, les responsables des différents mouvements palestiniens, toujours divisés sur les conditions de création d'un gouvernement d'union nationale ne font que perdurer la malvie de leurs concitoyens. L'arrestation de dizaines de députés et de ministres du Hamas par les forces de sécurité israélienne vise un approfondissement des divergences entre les protagonistes palestiniens. En résumé, en toute impunité, l'Etat hébreu ne recule devant rien pour faire abdiquer les Palestiniens qui n'ont d'autre choix que celui de la patience et de la résistance.