La condamnation des huit militants pour la défense des droits humains et des chômeurs à Laghouat, mercredi dernier, à six mois de prison ferme et six mois de prison avec sursis continue de faire réagir. Le collectif d'avocats, chargé de leur défense, a animé, hier à Alger, une conférence de presse pour soulever «les multiples contradictions». Les juristes estiment, en se basant sur la loi, que «les textes juridiques ont été piétinés». «Le procès des militants le 4 février s'est tenu à huis clos. Mercredi dernier, le verdict a été rendu très tôt le matin de manière expéditive», affirme l'un des avocats des détenus, Me Noureddine Ahmine, venu de Laghouat pour coanimer la conférence. Membre du Réseau des avocats pour la défense des droits de l'homme (RADDH), Me Ahmine précise que «l'accès à l'audience a été interdit au public». «Ni les citoyens, ni les membres des familles, ni les témoins n'ont pu accéder au tribunal. L'article 14 du Pacte civil et politique ratifié par l'Algérie a été violé.» Me Ahmine souligne que «lorsque les militants se sont rassemblés devant le tribunal de la ville, le 28 janvier dernier, en soutien à l'un de leurs camarades, la police a usé de la force». «Pourtant, la loi est claire. Il faut d'abord avertir les protestataires et leur signifier de partir. Il n'y a pas eu de dialogue avec eux et aucun tir de sommation n'a été entendu», indique-t-il. Et d'ajouter : «Le wali, le chef de daïra ou l'inspecteur de police doivent s'identifier. Si les contestataires refusent de partir au bout de la troisième fois, les forces de l'ordre peuvent, selon la loi, les embarquer. Mais rien de tout cela n'a été respecté.» En matière de droit, poursuit Me Ahmine, «le sit-in pacifique est garanti par la Constitution». Un autre avocat du collectif, Me Abdelghani Badi, président du bureau d'Alger de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), a déclaré que «l'objectif de la conférence est d'informer l'opinion publique sur l'absence d'un procès équitable». Il estime qu'«à travers cette affaire, nous constatons que les libertés et les droits sont également réprimés via des textes juridiques». Me Badi observe que «l'emprisonnement de Belkacem Khencha et de ses compagnons est lié à leur militantisme dans la région en faveur des droits humains et pour la défense des droits des chômeurs ainsi que pour la protection de l'environnement».