L'ONU tente depuis plusieurs mois, toujours en vain, de trouver une solution pacifique au conflit libyen, en invitant notamment les parties en conflit au dialogue. La démocratie n'a pas été au rendez-vous en Libye après l'intervention de l'OTAN et la mort de Mouammar El Gueddafi, le 20 octobre 2011. La situation dans ce pays voisin est loin de rassurer. Une crise politique et sécuritaire sans précédent menace l'intégrité de ce territoire d'Afrique du Nord de près de 1,8 million de kilomètres carrés. Le pays est livré aux milices armées et à tous les vents de la violence. «Il n'y a plus d'Etat», disent les analystes, qui craignent que la loi des miliciens ne finisse par emporter ce qui reste des fondements de la nation libyenne. La situation s'est embrasée en août 2014, après l'élection de la nouvelle Assemblée libyenne. L'ancienne et la nouvelle Assemblée se disputent la légitimité et le pouvoir, créant deux nouveaux fronts aux hostilités politiques déjà nombreuses. Misrata à l'ouest face au Zintan à l'est, l'une défendant «son Assemblée» et délégitimant celle de l'autre. Misrata brandissant les couleurs de l'ancienne Assemblée à composante majoritaire islamiste, Zintan défendant la nouvelle Chambre des représentants siégeant à Tobrouk. Deux Assemblées, deux projets de société. Les Zintan s'appuient sur le général Haftar pour contrecarrer l'avancée islamiste-djihadiste sur le territoire libyen et Misrata, accusant Zintan de faire le jeu occidental, s'accommode de la présence du mouvement islamiste largement appuyé par des Etats du Golfe notamment le Qatar ainsi que par la Turquie. Ouverte à tous les vents, la Libye devient un théâtre d'influences étrangères, toutes tendances confondues, qui s'affrontent à coups de guerre fratricide entre Libyens, tout en lorgnant les puits de pétrole. Les djihadistes deviennent les meilleurs alliés du chaos en Libye. Rejetant le mode électoral et les deux Assemblées, les djihadistes prônent l'instauration d'un Etat Islamique et l'application de la charia. Ançar Charia en est le mouvement le plus radical, qualifiant même les Frères musulmans ralliés à Misrata de mécréants. Ils rejettent les deux Assemblées et multiplient actions de violence et attentats. Ralliés pour certains à El Qaîda, pour d'autres à l'Etat Islamique (Daech), les djihadistes de Libye, dont de nombreux membres sont de différentes nationalités, ont déclaré la guerre à tous ceux qui ne partagent pas leur projet. L'armée libyenne, qui a subi des scissions depuis le début des conflits et la dislocation du système tribal, ne contrôle que peu de surface du territoire. Le général Haftar, accusé par ses adversaires d'être un agent de la CIA, avait tenté de redonner corps à l'armée libyenne en livrant bataille contre Misrata. La manœuvre s'avère difficile dans une Libye divisée, mise à sac, mise à feu et à sang. Devant les hostilités grandissantes et avec la facilité de circulation des armes, les tribus se livrent la guerre et se défendent selon les protagonistes qu'elles ont en face. Ce grand terrain de violence qu'est devenu la Libye fait le bonheur des pirates et contrebandiers en tout genre. Tout est matière à marchandage : l'absence d'Etat autorise toutes les dérives. L'ONU tente, depuis plusieurs mois, de faire aboutir une résolution pacifique du conflit libyen, notamment en invitant les membres des deux Assemblées au dialogue. Deux rounds de dialogue se sont tenus à Genève et à Ghadamès, mais le chemin semble encore très long pour faire aboutir la solution pacifique. De même pour la tentative du pays voisin, l'Algérie, qui avait ouvert lui aussi la porte aux différents acteurs non armés du conflit libyen pour un dialogue salutaire.