Des dizaines de personnes ont péri dans les violences qui se sont aggravées dans l'est de la Libye, dans une tentative des milices islamistes de prendre le contrôle d'une base militaire à Benghazi, occupée par les partisans du général à la retraite, Khalifa Haftar. Des civils ont été tués par les tirs de roquette «Grad» et les accrochages qui ont touché plusieurs quartiers autour de la base militaire en question. L'attaque a été menée par les islamistes du mouvement du «17 février», appuyé par d'autres groupuscules de cette mouvance qui tentent depuis plusieurs mois de conquérir Benghazi, face à l'ancien allié du défunt régime de Mouammar Kadhafi, tué fin 2011. Au lendemain de l'offensive des troupes de Haftar, les islamistes ont mené une contre-offensive, étendant ainsi les combats à des quartiers résidentiels, dont ceux de la région de Kar Younès où les deux parties disposent, chacune, d'une base militaire lourdement armée, selon la presse libyenne. Hier, les combats ont fait rage autour de la base appartenant au mouvement islamiste du «17 février», selon Akhbar Libya, un quotidien local en ligne. Des affrontements ont également eu lieu à proximité de l'aéroport de Benghazi entre les partisans de Haftar et un autre groupe terroriste islamiste Ansar al-Charia qui a fait allégeance à Al-Qaïda. Ces violences ne sont pas pour s'arrêter malgré l'appel de la communauté internationale pour observer un cessez-le-feu qui permettra à chaque partie de trouver une solution négociée à ce conflit qui dure depuis 2011. Les efforts de l'émissaire onusien en Libye, le diplomate espagnol Bernadino Léon, pour ramener les différents acteurs de cette crise à s'asseoir à une table de négociations n'ont pas eu l'écho attendu chez les milices, notamment islamistes, déterminés à aller jusqu'au bout de leur lutte armée. Fajr Libya, qui contrôle la capitale Tripoli et plusieurs autres villes de l'ouest libyen, a rejeté cet appel au dialogue, qualifiant l'actuel gouvernement et le Parlement siégeant à Tobrouk (Est) de traitres et d'ennemis des «révolutionnaires» qui ont chassé Kadhafi du pouvoir. Face à ce rejet du dialogue politique, des voix libyennes se montrent de plus en plus favorables à une intervention étrangère pour mettre fin à cette guerre fratricide. Ainsi, l'ambassadeur de Libye au Caire (Egypte), Mohamed Fayez Djibril, a exprimé son vœu pour un recours à une intervention musclée de la communauté internationale. Il a affirmé qu'une partie de l'actuelle Assemblée nationale, qui a voté en août dernier une résolution à ce propos, est d'accord pour venir à bout des milices en autorisant une nouvelle intervention militaire étrangère, mais sous la coupe de l'Organisation des Nations unies et de son Conseil de sécurité. «Il faut arrêter avec cette paranoïa d'un retour de la colonisation en Libye après cette intervention. De quelle colonisation s'agirait-il si le peuple libyen périsse en entier après cette guerre ?», s'est interrogé le représentant diplomatique libyen au Caire, cité par l'agence de presse libyenne en ligne, Libyens.net. Directement concernés par la grave situation politique et sécuritaire en Libye, l'Algérie et l'Egypte soutiennent toujours l'idée d'un dialogue inter-libyen qui ne semble pas être la préoccupation première des parties en conflit. L. M.