La situation de désordre sécuritaire et la grave instabilité politique en Libye voisine, qui partage avec l'Algérie près de 1000 km de frontière, inquiètent. Les inquiétudes sont légitimes et partagées à des niveaux d'appréciation différents par les pays de la région, du pourtour méditerranéen et de l'ensemble de la communauté internationale. C'est donc une évidence que la situation en Libye est porteuse de menaces pour les pays voisins. Cela s'est vérifié après la chute du dictateur libyen Mouammar El Gueddafi, qui a alimenté les groupes terroristes au Sahel. Pour l'Algérie, la question est des plus sensibles. Le traitement médiatique que lui ont réservé certains titres de la presse nationale n'a pas manqué de susciter la réaction du ministère de la Défense nationale (MDN) au point où il lui consacre un communiqué, publié jeudi dernier, pour rassurer l'opinion publique. «Certains médias de la presse écrite ont publié, aujourd'hui 19 février 2015, des articles relatifs à la situation sécuritaire qui prévaut dans les pays voisins, notamment en Libye. Ces articles véhiculent des informations qui sèment le trouble et la confusion parmi les citoyens», souligne le MDN qui «rappelle» et rassure que «les frontières nationales sont sécurisées et que les unités de l'Armée nationale populaire et les différentes forces de sécurité demeurent vigilantes contre toute tentative susceptible de porter atteinte à nos frontières». L'institution militaire invite ces médias, sans les citer bien sûr, à «plus d'objectivité et à s'appuyer sur la vérité, à mettre en primauté l'intérêt général du pays et éviter de tomber dans le piège de la propagande pernicieuse». Si son inquiétude est légitime, lorsque l'on voit la propagande servie par certains titres et chaînes de télévision, le MDN pèche encore une fois par un déficit de communication ; il aurait pu procéder autrement. Et en la matière, il y a bien des manières et des moyens pour éviter «la confusion». Au-delà de l'insistance du MDN à rappeler à l'ordre la presse, même sur des questions d'ordre national, le message que véhicule son communiqué a pour objectif d'assurer que les frontières algériennes sont bien sécurisées. Le dernier numéro de la revue El Djeïch l'explique en effet en déclinant la stratégie de l'Algérie vis-à-vis de la situation en Libye. «La sécurité de l'Algérie et la stabilité de la région reposent sur deux axes fondamentaux», lit-on dans l'édition de février. «Le premier est sécuritaire et s'articule autour du déploiement d'unités militaires et de forces de sécurité dotées de tous les moyens et équipements nécessaires pour sécuriser les frontières avec les pays voisins et empêcher toute infiltration de terroristes ou circulation d'armement», précise l'éditorial d'El Djeïch. «Le deuxième axe est diplomatique, il se reflète à travers les initiatives de médiation et de rapprochement de points de vue entre les parties belligérantes, menées par l'Algérie en vue d'aboutir à la réconciliation nationale dans ces pays, de coordonner l'action et de coopérer avec eux dans le domaine de la lutte contre le terrorisme en mettant l'accent sur l'échange d'informations en temps opportun.» L'Armée nationale populaire (ANP), affirme la même source, «continue d'accomplir ses missions opérationnelles dans cette région avec détermination et professionnalisme, afin de resserrer l'étau sur les groupes terroristes, limiter leurs mouvements, tarir leurs sources de financement et d'armement jusqu'à leur éradication totale». Ce n'est pas fortuitement que la revue est revenue sur l'attaque terroriste ayant visé, il y a deux ans, le complexe gazier de Tiguentourine dans le sud-est du pays. L'Algérie, «fidèle à ses principes immuables», avait rejeté toute négociation avec les terroristes et criminels. Le rappel véhicule un message fort à l'adresse des groupes armés. Mais en dépit d'une mobilisation particulière de ses moyens pour sécuriser ses frontières, l'Algérie est loin de l'option d'une intervention militaire en Libye et privilégie la solution politique avant tout. «Nous tenons, en tant que voisins des Libyens, à faire partie de la solution et non du problème» en Libye, a précisé, jeudi dernier à Alger, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. «Nous sommes pour la solution politique, pour le dialogue (...). Le facteur temps est extrêmement important, il est nécessaire que toutes les parties libyennes se mobilisent et que toutes les bonnes volonté les aident» pour parvenir à ce but, a ajouté le chef de la diplomatie algérienne.